Zolani Mahola : la force féminine qui soigne par la musique

Mardi 25 Novembre 2025

La 12ᵉ édition de Visa for Music continue de confirmer son statut de rendez-vous incontournable des musiques actuelles d’Afrique et du Moyen-Orient. Parmi les révélations qui ont marqué les scènes de Rabat cette année, deux projets ont particulièrement retenu l’attention : Zolani Mahola & The Feminine Force, et le groupe hybride Omar & The Eastern Power, désormais installé à Séoul. Deux univers, deux énergies, une même intensité.



Révélée au sein de cette édition riche en découvertes, la chanteuse sud-africaine Zolani Mahola, connue pour avoir collaboré avec Stevie Wonder ou encore Shakira, a offert un concert d’une puissance rare. Entourée de son groupe The Feminine Force, elle a ouvert son show avec un message clair, porté par sa voix vibrante :
« Have you read the news today ? People are agree to give love »
(« As-tu lu les journaux du jour ? Les gens sont d’accord pour donner de l’amour »).

Dès les premières minutes, le public est happé par ce groove empreint de blues, cette chaleur vocale et cette présence magnétique. Zolani Mahola propose une musique qui guérit : des chants harmoniques, incarnés, qui célèbrent la liberté, le courage et surtout le pouvoir des femmes.

En moins de cinq minutes, la salle entière se laisse emporter : les spectateurs se lèvent, dansent, chantent, portés par une énergie collective irrésistible. Leur esthétique musicale, mêlant afropop, folk et tradition sud-africaine, laisse la place à des instruments percussifs emblématiques et au uhadi, un arc xhosa aux résonances profondes et enveloppantes.

Moment d’émotion : l’interprétation de « Waka Waka (This Time for Africa) », l’hymne de la Coupe du monde 2010 auquel Zolani Mahola avait participé aux côtés de Shakira. Un titre fédérateur qui fait vibrer la salle et ravive l’impatience des Marocains à quelques semaines de l’ouverture de la CAN.

Omar & The Eastern Power : une fusion Maroc–Égypte–Corée au sommet

Autre moment fort du festival : le concert explosif du groupe Omar & The Eastern Power, l’un des projets les plus inattendus et audacieux présentés à Visa for Music 2025. Né sur l’île de Jeju, en Corée du Sud, de la rencontre entre le Marocain Omar Benassila, l’Égyptien Wael Zaky et trois musiciens coréens friands de musique gnaoua (Jeong Sang Gweon, Jeong Jung Yeop et Kang Teak Hyeon), le groupe affiche une identité visuelle et sonore totalement débridée.

Longues djellabas colorées, lunettes noires, capuches : leur esthétique est un mélange assumé de cultures, à l’image de leur musique.

Leur performance a dévoilé un univers pluriel :

Rock dans les premiers morceaux,

Blues dans le troisième,

Funk psychédélique dans le suivant,

toujours ponctué d’accents sahéliens et de rythmes gnaoua.

Les guitares électriques coréennes dialoguent avec les tâarija et grageb, ces grandes castagnettes métalliques emblématiques du Maroc. Un choc esthétique, mais aussi une harmonie inattendue.

Malgré des soucis de voix évoqués par Omar Benassila, sa prestation vocale impressionne. Il navigue du grave à l’aigu, du chant gnaoua au blues, avec une aisance remarquable. La cohésion du groupe est saisissante : écoute mutuelle, improvisations maîtrisées, joie communicative. Une formation aussi atypique que prometteuse, dont le passage à Rabat confirme le statut de révélation.

Une édition sous le signe des ponts culturels

Entre la puissance thérapeutique de Zolani Mahola et la créativité sans frontières d’Omar & The Eastern Power, Visa for Music 2025 démontre une fois de plus sa capacité à révéler des projets qui défient les normes, bousculent les codes et rassemblent les publics.

Des musiques du sud de l’Afrique aux fusions transculturelles entre Maghreb, Égypte et Corée, Rabat a vibré au rythme d’artistes qui refusent les catégories. Une édition où l’énergie, la diversité et la générosité artistique ont été plus fortes que jamais.
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