Que pensez-vous avoir apporté à la politique ?
J’ai cassé l’idée que seule une petite caste issue des mêmes écoles, milieux et familles, pouvait diriger le pays. Moi, je n’ai pas fait l’université, je ne possède aucun diplôme, on me l’a reproché au début. Eh bien c’est terminé !
J’ai aussi montré que, au lieu de plonger dans la politique pour s’enrichir et accéder à la réussite personnelle, on pouvait faire l’inverse : construire d’abord sa vie et son succès avant de s’engager pour la cité. Et la servir.
Non seulement je ne me suis pas enrichi mais j’ai perdu beaucoup d’argent quand j’étais au gouvernement. Enfin, je crois que j’ai apporté une vraie différence au conseil des ministres. Des préoccupations auxquelles personne ne pensait. Et plus de pragmatisme.
Comment réagissez-vous à l’élection de Donald Trump ?
Les Américains ont choisi un candidat antisystème. Dont acte. Mais je demande au président Trump d’exprimer des regrets pour certaines déclarations qu’il a faites durant sa campagne et pour les blessures qu’il a ainsi occasionnées. Je le lui demande solennellement. Il a tenu des propos déplorables sur l’islam, l’immigration, les Noirs et plusieurs communautés. Il a heurté plein de gens.
Alors il est urgent qu’il reconnaisse ses erreurs et qu’il mette ça sur le compte d’une campagne électorale outrancière. Urgent qu’il soit humble et qu’il dise clairement ses regrets. La campagne, c’est une chose. Sa présidence en est une autre. En tout cas, c’est ce que j’espère. Il doit lever les équivoques sur l’immigration et la religion et adopter désormais un discours correct à l’égard du reste du monde. Nous l’attendons.
Alors on pourra envisager de revoir nos relations avec l’Amérique, de tout rediscuter, de repartir à zéro. Il ne connaît visiblement pas l’Afrique. Mais nous, nous savons qui nous sommes. Et nous avons tous besoin les uns des autres.
Quel est le sens de votre présence au Bataclan les 18 et 19 novembre, un an après le massacre qui a endeuillé cette salle de concert ?
Saluer la mémoire de tous ceux qui sont tombés sous les coups du terrorisme à Paris, à Islamabad, au Mali, au Nigeria. Affirmer très fort que la barbarie ne passera pas. Et proclamer que le monde a besoin d’art, de musique et
Auteur: Annick Cojean - Le Monde