Voici la déclaration de politique générale de Idrissa Seck effacée par l'Etat

Mardi 10 Octobre 2017

La Déclaration de politique générale (Dpg) de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck ne figure pas sur le site du Centre de documentation et d’information sur les institutions et la gouvernance, qui centralise les archives de l’État du Sénégal. Exclusif.net vous propose ce discours de politique général...


Déclaration de politique générale de Monsieur le Premier Ministre Idrissa SECK le lundi 03 février 2003
 
Monsieur le Président de l'Assemblée nationale,
Honorables députés,


Le Peuple, souverain dans ses décisions, vous a assigné la mission d'être le médium honoré par lequel je lui présente humblement, aujourd'hui, ma feuille de route devant conduire à la prise en charge efficace de ses attentes, donnant ainsi corps à la politique de la nation définie par le président de la République. Soyez en félicités et remerciés. Mes félicitations et remerciements s'adressent également à ceux qui m'ont précédé dans cette fonction.
Monsieur le Président de l'Assemblée nationale,
Honorables députés,
 
Notre Constitution, dès son article premier, invite le peuple à marcher vers son But, et avec Foi.
 
La formidable aventure de la marche bleue donne de cet enseignement une manifestation parfaite, en style et en sens. Avec l'aide de Dieu, et sous la direction de celui qui, tour à tour objet de critique et sujet de fascination, épreuve après épreuve, échec après échec, jalon après jalon, a attendu, avec endurance, sans jamais perdre l'enthousiasme, l'avènement du changement, le 19 mars 2000.
 
Me voici à nouveau, près de lui, en cette position de confiance et d'autorité, chargé d'une nouvelle mission : celle d'organiser et de conduire la marche du Sénégal vers le développement économique, social et culturel.
Je convoite de Dieu une victoire éclatante dans cette nouvelle mission, à l'image de celle dont il m'a gratifié lors de la première.
Cette marche renouvelée, chers compatriotes, n'est pas chimérique. Nous en avons déjà eu un aperçu avant que ne surviennent les récentes épreuves.
Les premiers moments de l'Alternance ont fourni des joies extraordinaires issues de performances inédites dont un livre blanc rendra amplement compte bientôt.
Souvenons-nous de nos records de pluviométrie, de productions et de revenus agricoles; souvenons-nous de l'augmentation des salaires, de l'âge de la retraite, du doublement de l'avance Tabaski, de la réintégration de certains travailleurs ; souvenons-nous de la généralisation des bourses ou de l'aide aux étudiants ; souvenons-nous du triomphe de nos Lions.... Toutes choses, et bien d'autres, qui ont concouru à l'un des plus précieux bienfaits reçus de l'alternance : la restauration de la fierté nationale, ici comme dans la diaspora.
 
Puis : Froid du Nord, déficit pluviométrique et Naufrage du «Joola». Cette dernière épreuve nous a le plus profondément marqués. J'ai assisté au concert des enfants de l'école franco-sénégalaise Dial Diop, le quinze décembre dernier. Ils ont chanté leur douleur en ces termes :
«C'était un bateau blanc. Qui naviguait dans le vent. Il s'appelait le Joola. Aujourd'hui, il n'est plus là. Il y avait nos parents. Il y avait nos enfants. Il y avait nos amis. La mer nous les a pris. Quand le bateau a coulé, Tout le monde a pleuré. Il y a eu trop de morts. Il faudra être fort.»
Oui chers compatriotes, il faudra être fort.
Fort, pour vivre notre douleur dans la dignité,
Fort, pour mener sans complaisance notre introspection,
Fort, pour sanctionner les fautes commises.
Je m'incline à nouveau devant la mémoire des victimes du «Joola» et redis ma profonde compassion à leurs familles.
Sachant parfaitement que leur douleur ne peut pas être réparée par des moyens financiers, le Gouvernement tout entier s'est néanmoins mobilisé pour que soit établie la liste exhaustive des victimes et que soient identifiés les héritiers des disparus par l'établissement de jugements d'hérédité, afin que leur soit remis ce que la loi leur octroie en matière d'indemnisation, au-delà des actes de solidarité de tous les instants. La nature et la complexité de la tâche nous impose vigilance et rigueur afin qu'aucune injustice ne vienne alourdir la charge émotionnelle de cette douloureuse tragédie collective.
Grâce à la bonne tenue de nos finances publiques et à la qualité du soutien de nos partenaires, il me plaît d'annoncer que, donnant ainsi corps à la volonté du président de la République, I’Etat est aujourd'hui prêt pour procéder au paiement des indemnités. Entouré des ministres chargés de la Justice, de l’Intérieur, des Finances et de la Solidarité nationale, j'inviterai les représentants des familles des victimes à un échange sur l'indemnisation.
 
Monsieur le Président,
Honorables Députés,
 
Au moment où je vous parle, nous avons dénombré 1863 victimes, dont 1143 figurant sur le manifeste du bateau, 458 n'y figurant pas, et 262 faisant l'objet de déclarations jugées insuffisantes et sujettes à vérification par les services du ministère de l'Intérieur. Sur ce total, je suis profondément peiné de constater que seules 78 victimes disparues ont pu faire l'objet d'un jugement d'hérédité à ce jour. Je comprends qu'encore meurtries par la douleur, les familles endeuillées n'aient pas fait de ces démarches administratives une priorité.... C'est le lieu pour moi de lancer un appel solennel aux représentants du peuple que vous êtes, aux élus locaux et à la société civile, pour aider ces familles à constituer leurs dossiers. Je demande à chaque député, chaque élu local, chaque membre de la société civile d'identifier une ou plusieurs familles de victimes et de les encadrer dans leurs démarches auprès du Bureau d'accueil, d'orientation et d'assistance des rescapés et des familles des victimes du M/S «Le Joola».
Je sais aussi que le rétablissement de la liaison maritime Dakar Ziguinchor est de la plus haute importance pour les populations, comme il l'est pour le président de la République et pour le Gouvernement. Grâce à la bonne tenue de nos finances publiques et à la qualité du soutien de nos partenaires, il me plaît d'annoncer que l'argent est disponible, le dossier technique prêt, vingt courtiers déjà saisis et l'affréteur choisi. Je comprends l'empressement à remettre le bateau en circulation. Quand il sera là, le ministre chargé des Transports et ses services s'attacheront à s'entourer de toute l'expertise disponible en la matière, au plan national et/ou international pour l'évaluer, le tester et se donner toutes les garanties de sécurité et de navigabilité sur nos eaux, tant maritimes que fluviales...

Par la méthode et la stratégie inclusive que je vous ai exposées, je serai le compagnon de tous les jours des Sénégalais. Que le paysan sache que je serai avec lui dans les champs, j'accompagnerai l'étudiant dans les couloirs de son établissement et la ménagère devant les étals des marchés. Que celui qui est malade sache que je cherche les moyens pour faciliter sa guérison.

Enfin, j’accompagnerai, par mon intention, dans la nuit et la solitude de sa proximité avec Dieu, l’homme pur qui prie pour un Sénégal de paix, de réussite et de prospérité.
 
Je vous remercie.
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