Tentative de putsch au Bénin : Lomé réagit après les révélations sur la présence de Pascal Tigri au Togo

Mercredi 10 Décembre 2025

Les autorités togolaises sont désormais sous les projecteurs après les révélations selon lesquelles le lieutenant-colonel béninois Pascal Tigri, auteur présumé de la tentative de coup d’État contre le président Patrice Talon, aurait trouvé refuge à Lomé. Alors que Cotonou s’apprête à émettre une notice rouge d’Interpol, Lomé s’efforce de clarifier sa position dans un contexte régional marqué par les tensions et la méfiance.

Disparu depuis trois jours après son apparition armée sur la télévision béninoise le 7 décembre, Pascal Tigri aurait franchi le fleuve Mono avant de rejoindre discrètement la capitale togolaise. Selon des sources béninoises citées par Jeune Afrique, il aurait été hébergé dans le quartier de Lomé 2, non loin des institutions stratégiques du pays.

Contactée par le même média, une source proche du président Faure Essozimna Gnassingbé affirme « ne pas être informée » de cette présence, marquant la première réaction officielle — ou plutôt l’absence de reconnaissance — de Lomé. Plusieurs observateurs y voient un signe de prudence diplomatique, dans une affaire susceptible d’alimenter les tensions déjà perceptibles entre les deux pays voisins.

Lomé sur la défensive
Au sein du gouvernement togolais, c’est la réserve qui domine. Aucune confirmation publique n’a été apportée quant à l’arrivée de Tigri, ni quant à une éventuelle demande béninoise d’assistance ou d’extradition. Selon nos informations, les autorités togolaises privilégient une attitude attentiste en attendant la réception formelle d’une notification d’Interpol ou d’une démarche diplomatique directe.

L’entourage de Faure Gnassingbé rappelle que le chef de l’État a « apporté son soutien » à Patrice Talon le jour même du putsch avorté, même s’il n’avait pu le joindre. Une manière de réaffirmer l’alignement officiel du Togo sur la stabilité régionale, tout en évitant d’endosser prématurément un rôle dans la traque du chef des mutins.


Les relations entre le Bénin et le Togo sont décrites comme « fraîches » depuis plusieurs années. Alors que Lomé a multiplié les ouvertures vers les régimes militaires du Sahel — de Bamako à Niamey —, Cotonou a adopté des positions plus fermes et plus proches des standards constitutionnels ouest-africains.

La présence supposée de Pascal Tigri à Lomé intervient donc dans un climat où les perceptions de proximité politique ou sécuritaire peuvent rapidement nourrir les suspicions. D’autant que le Togo dispose d’un rôle stratégique dans la région, en tant qu’intermédiaire privilégié entre plusieurs capitales sahéliennes.


Si les sources togolaises assurent ne rien savoir du passage ou du séjour du chef des mutins, côté béninois, les autorités affirment disposer d’informations précises sur sa présence et sur son itinéraire. Cotonou prépare même une notice rouge adressée à Interpol, avec une demande formelle d’extradition.
Une telle démarche obligerait Lomé à clarifier sa position, que ce soit pour coopérer ou pour invoquer des motifs diplomatiques.

En attendant, le président Faure Gnassingbé a effectué un déplacement éclair à Niamey dans la nuit de mardi à mercredi, renforçant le mystère sur les consultations en cours entre les dirigeants de la sous-région.

Un putsch avorté grâce à une riposte régionale
La tentative de coup d’État menée par Pascal Tigri a été rapidement neutralisée. Après l’intervention de la Garde républicaine béninoise, demeurée loyale à Patrice Talon, le Nigeria a apporté un soutien direct : des drones nigérians ont frappé avec précision le camp de Togbin où s’étaient réfugiés des mutins. Tigri, lui, avait déjà pris la fuite.


La question désormais centrale est celle de la coopération entre Lomé et Cotonou.
Si la présence de Tigri au Togo est confirmée, le pays devra décider s’il opte pour l’extradition, la protection ou une position intermédiaire. Dans tous les cas, cette affaire met en lumière les fragilités et les rivalités sous-jacentes entre les capitales ouest-africaines au moment même où la région est traversée par une vague de coups d’État sans précédent.

exclusif net
Dans la même rubrique :