Le président tchadien, Mahamat Idriss Déby Itno, fait l’objet d’un signalement à la Cour pénale internationale (CPI) pour l’aide présumée apportée par N’Djamena aux rebelles soudanais du général Hemetti. Si le Tchad réfute les accusations, l’affaire fait grand bruit.
Le document de 26 pages est daté du 15 décembre et adressé au bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan. Principalement composé d’articles de presse, ce signalement vise à dénoncer l’implication présumée du Tchad et de plusieurs de ses dirigeants, dont le président Mahamat Idriss Déby Itno, dans la guerre qui sévit au Soudan depuis près de trois ans.
Porté par une ONG soudanaise et un cabinet d’avocats français bien connu en Afrique, il pourrait pousser le procureur de la CPI à lancer une enquête formelle visant certains dirigeants tchadiens, qui réfutent toutefois les accusations. Dans tous les cas, ce signalement vient alimenter, une nouvelle fois, la crise diplomatique qui sévissait déjà entre Khartoum et N’Djamena.
1. Qu’est-ce qu’un signalement à la CPI ?
Un signalement à la CPI n’est pas une procédure judiciaire au sens strict, mais un acte d’information adressé au procureur de la Cour. Il s’agit de lui transmettre des éléments laissant supposer la commission de crimes relevant de sa compétence : crimes de guerre, crimes contre l’humanité, génocide ou crimes d’agression.
À réception, le bureau du procureur procède à un examen préliminaire pour évaluer notamment deux points essentiels : la compétence de la Cour et la gravité des faits allégués. La CPI peut classer le signalement, demander des informations supplémentaires ou décider d’aller plus loin. Il s’agit donc d’un outil d’alerte, souvent utilisé à des fins de pression diplomatique et médiatique.
2. Qui a déposé ce signalement ?
Cette procédure a été lancée par l’association Priority Peace Sudan. Fondée le 2 novembre 2025, elle a pour objet social la promotion de la paix, de la démocratie et de l’État de droit au Soudan. En d’autres termes, l’organisation est un acteur de la société civile soudanaise engagé dans un plaidoyer judiciaire international visant à documenter les crimes commis dans son pays.
L’association est représentée légalement par un cabinet d’avocats français, Bourdon & associés, dirigé par William Bourdon, Bertrand Repolt et Vincent Brengarth. Celui-ci, qui s’est notamment illustré dans les dossiers liés aux biens mal acquis africains en France, a rédigé le signalement envoyé à la CPI le 15 décembre dernier.
3. De quoi est accusée N’Djamena ?
Selon le signalement transmis à la CPI par Priority Peace Sudan, les autorités tchadiennes sont accusées d’avoir joué un rôle actif dans le soutien logistique et militaire apporté aux Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdan Dagalo, dit « Hemetti ». Celles-ci sont engagées dans le conflit soudanais depuis avril 2023 face à l’armée régulière du général Al-Burhane.
L’organisation affirme que le Tchad aurait servi de base arrière pour l’acheminement d’armes, de munitions et de combattants vers le Darfour et d’autres zones de combat, notamment via des bases militaires au Tchad. Ces transferts auraient été facilités par des responsables civils et militaires de haut niveau, en collaboration avec les Émirats arabes unis, principal soutien de Hemetti.
Le territoire du Tchad a toutefois été pris pour cible le 26 décembre par un drone des FSR, qui a tué deux soldats tchadiens dans la localité frontalière d’Al-Tina. N’Djamena a dénoncé une « agression injustifiée » et une action « intentionnelle et délibérée, en violation du droit international ». Les autorités tchadiennes estiment que cet épisode prouve leur neutralité dans le conflit soudanais.
4. Qu’a répondu le Tchad ?
Les autorités tchadiennes ont catégoriquement rejeté les accusations portées par Priority Peace Sudan, les qualifiant d’infondées, mensongères et politiquement motivées. Le gouvernement affirme que le Tchad n’a apporté aucun soutien militaire, logistique ou financier aux FSR soudanaises et qu’il n’a autorisé aucun transit d’armes ou de combattants sur son territoire.
Dénonçant une mise en cause injustifiée du président Mahamat Idriss Déby Itno, les autorités de N’Djamena rappellent que leur pays est avant tout un acteur humanitaire incontournable dans la crise soudanaise, accueillant des centaines de milliers de réfugiés fuyant le Darfour, et qu’il coopère avec les organisations internationales pour stabiliser la région.
5. Quelle est la position des autorités soudanaises ?
Si Khartoum ne s’est pas exprimée sur l’initiative à la CPI, la séquence s’inscrit dans un contexte de tensions diplomatiques entre le Soudan du président Al-Burhane et N’Djamena. Le gouvernement soudanais a accusé le Tchad à plusieurs reprises d’avoir facilité des transferts d’armes aux FSR, saisissant notamment la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP).
Dans un communiqué, le ministère soudanais de la Justice affirmait alors que le Tchad avait joué « un rôle essentiel dans les crimes commis par la milice rebelle », et que le Soudan détenait des preuves tangibles sur cette implication. N’Djamena avait réagi à ces accusations en expliquant qu’elle n’intervenait pas au Soudan, sauf en tant que médiateur afin de ramener la paix.
Jeune Afrique
Le document de 26 pages est daté du 15 décembre et adressé au bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan. Principalement composé d’articles de presse, ce signalement vise à dénoncer l’implication présumée du Tchad et de plusieurs de ses dirigeants, dont le président Mahamat Idriss Déby Itno, dans la guerre qui sévit au Soudan depuis près de trois ans.
Porté par une ONG soudanaise et un cabinet d’avocats français bien connu en Afrique, il pourrait pousser le procureur de la CPI à lancer une enquête formelle visant certains dirigeants tchadiens, qui réfutent toutefois les accusations. Dans tous les cas, ce signalement vient alimenter, une nouvelle fois, la crise diplomatique qui sévissait déjà entre Khartoum et N’Djamena.
1. Qu’est-ce qu’un signalement à la CPI ?
Un signalement à la CPI n’est pas une procédure judiciaire au sens strict, mais un acte d’information adressé au procureur de la Cour. Il s’agit de lui transmettre des éléments laissant supposer la commission de crimes relevant de sa compétence : crimes de guerre, crimes contre l’humanité, génocide ou crimes d’agression.
À réception, le bureau du procureur procède à un examen préliminaire pour évaluer notamment deux points essentiels : la compétence de la Cour et la gravité des faits allégués. La CPI peut classer le signalement, demander des informations supplémentaires ou décider d’aller plus loin. Il s’agit donc d’un outil d’alerte, souvent utilisé à des fins de pression diplomatique et médiatique.
2. Qui a déposé ce signalement ?
Cette procédure a été lancée par l’association Priority Peace Sudan. Fondée le 2 novembre 2025, elle a pour objet social la promotion de la paix, de la démocratie et de l’État de droit au Soudan. En d’autres termes, l’organisation est un acteur de la société civile soudanaise engagé dans un plaidoyer judiciaire international visant à documenter les crimes commis dans son pays.
L’association est représentée légalement par un cabinet d’avocats français, Bourdon & associés, dirigé par William Bourdon, Bertrand Repolt et Vincent Brengarth. Celui-ci, qui s’est notamment illustré dans les dossiers liés aux biens mal acquis africains en France, a rédigé le signalement envoyé à la CPI le 15 décembre dernier.
3. De quoi est accusée N’Djamena ?
Selon le signalement transmis à la CPI par Priority Peace Sudan, les autorités tchadiennes sont accusées d’avoir joué un rôle actif dans le soutien logistique et militaire apporté aux Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdan Dagalo, dit « Hemetti ». Celles-ci sont engagées dans le conflit soudanais depuis avril 2023 face à l’armée régulière du général Al-Burhane.
L’organisation affirme que le Tchad aurait servi de base arrière pour l’acheminement d’armes, de munitions et de combattants vers le Darfour et d’autres zones de combat, notamment via des bases militaires au Tchad. Ces transferts auraient été facilités par des responsables civils et militaires de haut niveau, en collaboration avec les Émirats arabes unis, principal soutien de Hemetti.
Le territoire du Tchad a toutefois été pris pour cible le 26 décembre par un drone des FSR, qui a tué deux soldats tchadiens dans la localité frontalière d’Al-Tina. N’Djamena a dénoncé une « agression injustifiée » et une action « intentionnelle et délibérée, en violation du droit international ». Les autorités tchadiennes estiment que cet épisode prouve leur neutralité dans le conflit soudanais.
4. Qu’a répondu le Tchad ?
Les autorités tchadiennes ont catégoriquement rejeté les accusations portées par Priority Peace Sudan, les qualifiant d’infondées, mensongères et politiquement motivées. Le gouvernement affirme que le Tchad n’a apporté aucun soutien militaire, logistique ou financier aux FSR soudanaises et qu’il n’a autorisé aucun transit d’armes ou de combattants sur son territoire.
Dénonçant une mise en cause injustifiée du président Mahamat Idriss Déby Itno, les autorités de N’Djamena rappellent que leur pays est avant tout un acteur humanitaire incontournable dans la crise soudanaise, accueillant des centaines de milliers de réfugiés fuyant le Darfour, et qu’il coopère avec les organisations internationales pour stabiliser la région.
5. Quelle est la position des autorités soudanaises ?
Si Khartoum ne s’est pas exprimée sur l’initiative à la CPI, la séquence s’inscrit dans un contexte de tensions diplomatiques entre le Soudan du président Al-Burhane et N’Djamena. Le gouvernement soudanais a accusé le Tchad à plusieurs reprises d’avoir facilité des transferts d’armes aux FSR, saisissant notamment la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP).
Dans un communiqué, le ministère soudanais de la Justice affirmait alors que le Tchad avait joué « un rôle essentiel dans les crimes commis par la milice rebelle », et que le Soudan détenait des preuves tangibles sur cette implication. N’Djamena avait réagi à ces accusations en expliquant qu’elle n’intervenait pas au Soudan, sauf en tant que médiateur afin de ramener la paix.
Jeune Afrique