Stigmatisation régionale : quand la Casamance sert d’arme politique

Vendredi 12 Décembre 2025

La stigmatisation des populations du Sud est un phénomène apparu dans les années 1990 sous le régime d'Abdou DIOUF, en pleine crise armée en Casamance. Durant cette période douloureuse, de nombreuses personnes ont été tuées ou contraintes à l’exil. Beaucoup ont été, pour des raisons essentiellement politiques, assimilées abusivement à des membres du MFDC au seul motif de leur origine sudiste. Cette situation a donné lieu à de graves violations des droits humains, dénoncées dans un rapport accablant de l’ONG Amnesty International mettant en cause l’État du Sénégal.

À son arrivée au pouvoir, Me Abdoulaye Wade, homme de grande culture et fin connaisseur des origines de la crise casamançaise, a sifflé la fin de la récréation en dépolitisant et en démystifiant le conflit. Il a notamment contribué à mettre un terme à cette stigmatisation en nommant des cadres originaires de la région naturelle de la Casamance à des postes de souveraineté, notamment Youba Sambou, Bécaye Diop et Abdoulaye Baldé. Cette démarche avait marqué un tournant et contribué à apaiser les tensions. Ces derniers ont défendu la patrie sans incident, et Me Wade est toujours vivant.

Après le départ de Me Wade du pouvoir, le régime de Macky Sall et son entourage ont, ravivé cette pratique malsaine, notamment dans le but d’éliminer politiquement Ousmane Sonko et d’autres responsables originaires du Sud. Pour mener cette politique, des politiciens et des activistes ont été mobilisés, ouvrant des pages sur les réseaux sociaux et multipliant des discours haineux et des accusations infondées, souvent sans être inquiétés.

Dans le même temps, la police, la gendarmerie et les procureurs de l’époque sont restés silencieux ou se sont montrés prompts à faire arrêter des personnes sans preuves solides. Ainsi, plusieurs citoyens ont été incarcérés. Avec le vent du changement en 2024, certains ont été libérés, tandis que d’autres demeurent encore derrière les barreaux.

Beaucoup espéraient qu’avec l’arrivée au pouvoir du Président Bassirou Diomaye Faye  lui-même témoin de ces injustices et proche d’Ousmane Sonko, qui en a également été victime  cette stigmatisation prendrait définitivement fin. Mais cette attente a été déçue. À titre d’exemple, Bougar Diouf, membre de la coalition Diomaye Président, a été emprisonné pour avoir porté des accusations similaires contre Ousmane Sonko.
 

Sans oublier certains membres de la défunte coalition Benno Bokk Yaakaar qui continuent de diffuser de fausses informations sur la région. Ainsi, un député et ancien ministre s’est permis, en direct de l’Assemblée nationale, d’annoncer à tort la mort de cinq personnes en Casamance lors du premier déplacement d’Ousmane Sonko en tant que Premier ministre. Cette information a été formellement démentie par ce dernier, qui a ensuite recadré son auteur.

Il convient également de signaler l’attitude d’autres responsables, moins courageux, qui se retranchent derrière certaines pages, articles ou comptes anonymes pour stigmatiser la région, au lieu de contribuer à la promotion des investissements, de la paix et du développement en Casamance.


Intervenant lors du débat budgétaire, la députée Ramatoulaye Bodian a lancé un avertissement ferme contre la montée des discours ethnicisés dans l’arène politique. Elle a dénoncé ce qu’elle qualifie de « stigmatisation ethnique et régionale » utilisée pour discréditer des adversaires politiques, rappelant que certains tentent d’associer Ousmane Sonko à la crise en Casamance uniquement en raison de son nom ou de son origine. Elle a également évoqué un précédent où, selon elle, des accusations infondées avaient été publiées pour nuire à Waly Diouf Bodian durant la 14e législature. Appelant à la responsabilité collective, elle a souligné que la Casamance a déjà payé un lourd tribut et que la paix retrouvée ne doit en aucun cas être fragilisée par des manipulations politiques.

Malgré ces accusations récurrentes et souvent infondées, les Casamançais ont toujours démontré leur loyauté et leur engagement constant au sein des sphères étatiques et des institutions de la République. Leur présence et leurs responsabilités à tous les niveaux de l’administration, de l’armée, de la magistrature et des instances politiques témoignent de leur attachement indéfectible à l’unité nationale et à la stabilité du Sénégal.

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