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Soudan : comment les soutiens des FSR aggravent la crise humanitaire

Dimanche 7 Décembre 2025

Deux ans et demi après le déclenchement de la guerre civile au Soudan, le conflit a largement dépassé la simple rivalité entre le général Abdel Fattah al-Burhane, chef des Forces armées soudanaises (FAS), et Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemetti », leader des Forces de soutien rapide (FSR). Ce qui était au départ une lutte interne pour le pouvoir s’est transformé en un affrontement régionalisé, alimenté par un système complexe de soutiens militaires, financiers et logistiques venus de l’étranger.



Selon Joseph Siegle, chercheur au Centre d’études internationales et de sécurité de l’université du Maryland, « de nombreux rapports indiquent que les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, la Turquie, la Russie, l’Égypte, l’Iran et le Qatar ont été impliqués de diverses manières dans le soutien aux deux factions militaires rivales ». Mais parmi ces acteurs, les soutiens apportés aux FSR se sont révélés particulièrement structurés et déterminants.

Plusieurs experts estiment que la montée en puissance fulgurante des FSR est directement liée aux contributions extérieures. Cameron Hudson, chercheur au CSIS, souligne que « sans approvisionnement extérieur en armes, cette guerre serait terminée depuis longtemps ». Lorsque les combats ont éclaté, les deux camps ne disposaient ni de drones ni d’armement lourd. « En deux ans et demi, les forces ont été complètement modernisées depuis l’extérieur », explique-t-il, évoquant l’arrivée de drones, de blindés et d’artillerie.

Les Émirats arabes unis au cœur de l’architecture FSR
Les Émirats arabes unis apparaissent comme le principal soutien stratégique des FSR. Washington, l’ONU, ainsi que plusieurs organes de renseignement ont documenté un réseau sophistiqué permettant à Abu Dhabi de fournir armes, financements et couverture politique à Hemetti.
Selon le Wall Street Journal, des drones chinois de haute technologie ont été livrés aux FSR grâce à un pont aérien reliant les Émirats, la Somalie, la Libye et le Tchad.

Liam Karr, analyste à l’American Enterprise Institute, affirme que « les Émirats arabes unis sont le plus grand acteur extérieur au Soudan, étant donné qu’ils sont le seul sponsor majeur de l’un des camps ». Perdre leur soutien serait un « coup décisif » pour les FSR. Abu Dhabi dément toutefois toute implication, rejetant « des accusations infondées et de la propagande délibérée ».

Une économie de guerre renforcée par l’or soudanais
Au-delà de l’armement, les Émirats jouent un rôle central dans l’économie aurifère du Soudan, ressource fondamentale pour financer les FSR. En 2024, ils ont importé près de 2 milliards de dollars d’or soudanais une dépendance économique qui favorise, selon les analystes, la poursuite du conflit et la consolidation de réseaux illicites.

L’influence émiratie s’étend également au secteur portuaire via DP World, dont les ambitions en mer Rouge recoupent les intérêts territoriaux des FSR au Darfour, au Kordofan et jusqu’aux routes commerciales libyennes.

Des hubs africains essentiels au dispositif FSR
Plusieurs pays africains sont devenus des plaque tournantes logistiques : Le Tchad, principal couloir d’acheminement des armes. La Libye, où les forces de Khalifa Haftar facilitent le tri et la redistribution des cargaisons. Le Kenya, accusé de tolérer des activités politiques ou militaires liées aux FSR. L’Ouganda, où des livraisons d’armes auraient transité sans contrôle. L’Érythrée et l’Éthiopie, points d’entrée de réseaux clandestins armés via la mer Rouge. Ces routes militaro-commerciales ont permis aux FSR de se maintenir sur plusieurs fronts, notamment au Darfour, et de s’emparer d’El-Fasher le 26 octobre.

La guerre des drones : symbole d’un conflit modernisé de l’extérieur
La transition rapide vers une guerre de drones — un niveau technologique inédit au Soudan — reflète la profondeur de l’ingérence internationale. Les FSR utilisent désormais des systèmes fournis par des pays tiers, tandis que les FAS bénéficient de drones turcs Bayraktar TB2 et Akıncı, ainsi que d’un appui iranien lors des premiers mois du conflit. Pour Cameron Hudson, « des acteurs extérieurs ont transformé le Soudan, qui était un champ de bataille du XXe siècle, en un champ de bataille du XXIe siècle ».


Face à l’ampleur des ingérences, la diplomatie est entrée en jeu. Le prince héritier Mohammed ben Salmane aurait sollicité l’aide de Donald Trump pour faciliter une sortie de crise. De son côté, le secrétaire d’État américain Marco Rubio affirme que les États-Unis « savent qui fournit des armes » aux FSR et que ce soutien « doit cesser ».

Le Quad — États-Unis, Égypte, Arabie saoudite, Émirats — cherche à peser sur les négociations, mais Burhane a rejeté la dernière proposition de trêve, la décrivant comme « la pire à ce jour ».


Aux soutiens des FSR répond un autre bloc régional : l’Égypte, soucieuse de la sécurité du Nil, l’Arabie saoudite, préoccupée par la stabilité de la mer Rouge, la Turquie, devenue fournisseur majeur de drones aux FAS, l’Iran, engagé dans les premiers mois du conflit. Cette rivalité entre camps extérieurs transforme le Soudan en théâtre d'affrontements géopolitiques où le peuple soudanais paie le prix le plus lourd.

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