Réorganisation de la Primature : Ousmane Sonko opère la plus vaste réforme administrative depuis 2014

Jeudi 4 Décembre 2025

La Primature du Sénégal s’engage dans une profonde transformation structurelle à travers un nouveau décret qui refonde l’ensemble de son architecture administrative, organisationnelle et fonctionnelle. Présenté comme une réponse à « la vision d’un Sénégal souverain, juste et prospère », le texte marque une rupture nette avec les dispositifs de 2014 et 2019 désormais abrogés. Il introduit des innovations majeures destinées à moderniser l’action gouvernementale, renforcer la coordination institutionnelle et ancrer la performance au cœur de l’administration centrale.



Le rapport de présentation insiste sur la nécessité d’adapter la Primature aux exigences du pilotage gouvernemental moderne et aux défis de l’Agenda national de Transformation. Pour le Premier ministre Ousmane Sonko, il s’agit d’ériger une Primature « opérationnelle, proactive et capable d’anticipation », en corrigeant les insuffisances relevées dans l’ancienne organisation.

Cette réforme s’articule autour de trois axes : réorganisation institutionnelle, renforcement des organes techniques, modernisation numérique et administrative. Création d’un Secrétaire d’État chargé des Relations avec les Institutions

Parmi les innovations marquantes figure la création d’un Secrétaire d’État chargé des Relations avec les Institutions, Porte-parole du Gouvernement, une entité autonome et stratégique. Elle est appuyée par deux structures techniques : la Direction des Relations avec les Institutions, le Bureau d’Information et de Communication du Gouvernement (BIC-GOUV). Cette nouvelle composante vise à fluidifier les interactions entre le Gouvernement, l’Assemblée nationale, les institutions judiciaires, ainsi qu’avec l’opinion publique dans une logique de transparence renforcée.

Un Cabinet du Premier ministre renforcé comme centre opérationnel de la gouvernance

La réforme consolide également l’ossature du Cabinet du Premier ministre. Désormais composé du Directeur de Cabinet, des conseillers personnels, spéciaux, techniques, du Chef de Cabinet et d’un Attaché de Cabinet, il accueille une innovation : la création du poste de Directeur de Cabinet adjoint, doté du rang de Ministre-conseiller.

Le Cabinet se dote en outre de services propres qui constituent le véritable cœur administratif de la Primature : le Bureau de Suivi et de Coordination, l’Inspection des Services, la Cellule d’Orientation et de Suivi des Réformes, la Cellule de Communication, et la Cellule audiovisuelle. Cette structuration vise à répondre aux exigences de suivi, de coordination et de gestion multiministérielle dans un exécutif de plus en plus sollicité.

Création d’une Inspection des Services 

Le nouveau décret instaure une Inspection des Services placée directement sous l’autorité du Premier ministre. Cette institution, absente des précédentes organisations, aura pour mission : la vérification administrative et financière, l’audit, l’enquête, l’évaluation,

la supervision des passations de service, le suivi des directives et recommandations des organes de contrôle. L’Inspection est dirigée par un Coordonnateur de rang équivalent à celui de Secrétaire général de ministère. Elle constitue un instrument majeur de redevabilité interne et de bonne gouvernance. Le Secrétariat général du Gouvernement, véritable bras juridique et administratif de l’État

Le Secrétariat général du Gouvernement (SGG) voit ses missions élargies et consolidées. Il est désormais responsable de : la préparation des dossiers du Conseil des ministres, la coordination des réunions interministérielles, la centralisation des projets de lois et décrets, la liaison avec les institutions républicaines, les formalités de promulgation et de publication des textes officiels.

Pour mener ces missions, le SGG s’appuie sur des directions renforcées : la Direction de l’Activité normative, la Direction de l’Administration générale et de l’Équipement, la Direction des Ressources humaines, la Direction des Systèmes d’Information.

Des services propres viennent compléter ce dispositif, notamment la Cellule de Passation des Marchés publics, la Cellule de Préparation du Conseil des Ministres et le Service du Courrier général.

Cette montée en puissance administrative vise à sécuriser l’entièreté des processus gouvernementaux, du cadrage juridique jusqu’à l’exécution administrative.

Une Direction des Systèmes d’Information (DSI) au cœur de la réforme

Autre innovation majeure, l’érection d’une Direction des Systèmes d’Information (DSI), chargée d’accompagner la transformation digitale de l’État. Ses missions incluent : la maintenance et la sécurité des équipements informatiques, la cybersécurité, le développement d’applications, la gestion technique du site web du Gouvernement, la supervision de l’infrastructure VDI du Building Mamadou DIA, la mise en œuvre de projets d’innovation.

La DSI repose sur trois divisions : Réseaux et Assistance technique, Digitalisation et Innovation, Sécurité des Systèmes d’Information.Cette direction symbolise l’ambition d’un État moderne, sécurisé et orienté vers le numérique. Le décret redéfinit également le périmètre des structures rattachées ou placées sous la tutelle de la Primature.

Rattachés au Secrétariat général du Gouvernement :

la Direction générale de la Surveillance et de l’Occupation des sols,

la Direction générale du Service civique national et du Volontariat,

l’Imprimerie nationale,

les Archives du Sénégal,

le Service de Gestion du Building administratif,

la Commission d’Évaluation des Agences d’Exécution,

la Commission de Réforme des Véhicules administratifs.

Sous tutelle du SGG :

l’École nationale d’Administration (ENA),

le Millennium Challenge Account Sénégal (MCA),

l’Agence nationale pour la Relance des Activités économiques et sociales en Casamance.

Cette reconfiguration renforce la centralisation de la coordination administrative au niveau de la Primature
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