Rentrée citoyenne d’Amy Sarr Fall : 20 millions de francs pour serrer la main de Macky

Jeudi 2 Mars 2017

Le 2 février 2017, devant un parterre de ministres, Directeurs généraux et hommes d’affaires, le Président Sall a prononcé un discours des plus éloquents, devant un public conquis. Il y avait, parmi l’assistance, presque tout ce que Dakar compte de notables, hommes d’affaires et même des ministres. Au total, une cinquantaine  de notables bien présents, balayés par les imposants projecteurs du Grand théâtre.

Tous sont venus répondre à l’appel d’une demoiselle sans fonction officielle, propriétaire d’un magazine connu seulement de quelques initiés, mais à l’influence grandissante. Il y avait là les managers montants comme Kabirou Mbodj, Dg de Wari, Makhtar Cissé de la Senelec, Babacar Ngom Dg de la Sedima, pour ne citer que ceux­là. Tous ont eu le privilège de voir le Président de la République de très près, revenir sur son parcours exceptionnels, fait parfois d’incertitudes, de coups du destin, de combats épiques auxquels il s’est livré malgré lui.


A l’américaine, le Président de la République a réussi un speech parfait, sans doute un des meilleurs discours de son septennat. Parce que Macky Sall se livre rarement, parle rarement à la première personne. Ce qu’il a fait ce jour­ là, en détaillant son parcours d’ingénieur, son premier salaire de 60 mille francs, jusqu’à son engagement « pour l’honneur » à la Présidentielle de 2012, relevait de l’inédit. Cette motivation alimentée comme du fuel par le déshonneur qu’on a voulu lui faire subir. Jamais, de mémoire, le Président de la République n’a parlé avec autant de sincérité. Mais savait-­il comment ce parterre du Cac 40 sénégalais, le gotha local du « who’s who » dakarois a été conduit sur cette estrade, pour lui serrer la main et échanger quelques mots avec lui ?

Tout s’est joué quelques semaines aupravant. Car Amy Sarr Fall est passée reine dans la science de l’entregent, qu’elle applique avec beaucoup d’abnégation. Dès que le Président Macky Sall a confirmé de manière inattendue à cette rencontre, la fille de Pape Fall, qui a vendu son histoire personnelle dans les médias, au point de se voir interviewer par Jeune Afrique, a vite fait de trouver son idée de génie. Aux Etats­ Unis, cela se fait. Ceux qui veulent participer à un dîner avec le Président de la République doivent casquer et acheter leur table au prix fort. Et plus on s’approche de celle du Président, plus cher on paye le couvert. Alors, pourquoi ne pas le proposer aux Dg de sociétés. Voilà ce qu’elle entreprend, munie de son calepin et de son carnet d’adresse.

Presqu’à l’unanimité, tous les Dg ont accepté l’idée : contre 20 millions de francs, ils pouvaient entendre leur nom crépiter dans les haut parleurs, le nom de leur société cités parmi les bienfaiteurs, leurs affiches publicitaires en background, en Présence du Président de la République. Et tous auront l’occasion de serrer la main de Macky Sall et échanger quelques propos gentils avec lui, sans compter la photo de famille, qui restera accrochée pour toujours dans leur salon. Alors, nos Directeurs de société ont accepté de payer 20 millions de francs et se sont mis sur leur 31, pour figurer parmi les grands des grands de ce jour ­là. Devant Amy Sarr Fall, tous les inventeurs de distinctions de pacotille passent pour de petits apprentis. Il est vrai qu’il y en a parmi eux qui sentiront à peine.

Le poids de leur stylo sous leur majeur, au moment de signer le chèque. Tous dirigent des entreprises milliardaires, s’ils ne le sont pas eux­ mêmes.

Taper à l’œil du Président, lui rappeler qu’on est là présent, qui ne le voudrait pas pour si peu ? « Plus de 10000 jeunes ont su profiter de la grande rentrée citoyenne, alors que personne n’a jamais payé un seul franc à Intelligences magazine pour s’offrir cette opportunité de remonter le moral aux jeunes », a­t­elle déclaré avec conviction ! On ne sait pas très bien quel parcours a eu Amy Sarr Fall, qu'elle pourrait offrir en exemple aux millie jeunes en quête d’un « rôle model »; ni même quelle éducation elle a reçue. Mais du vent, elle sait en vendre. Et ce n’est pas rien.
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