Paul Kagame et Félix Tshisekedi ont signé, jeudi 4 décembre à Washington, un ensemble d’accords présenté comme une refonte complète du processus diplomatique engagé depuis le printemps entre la RDC, le Rwanda et les États-Unis.
Cette nouvelle architecture, baptisée « Washington accords for peace and stability », regroupe les textes déjà paraphés ces derniers mois (la Déclaration de principe du 25 avril, l'accord de paix du 27 juin), mais aussi des documents plus récents, dont le cadre d'intégration régionale en cours de finalisation.
L'objectif affiché est d'unifier ces instruments dans un mécanisme unique, plus large, encadrant à la fois les engagements politiques, sécuritaires, et économiques des deux pays.
Les minerais au cœur de la nouvelle architecture régionale
Le texte sur lequel se concentre l'essentiel de la journée de jeudi est le cadre d'intégration régionale, considéré comme l'ossature économique du processus de Washington. Il tourne autour d'un objectif central : réorganiser de manière transparente, formelle et contrôlée les chaînes d'approvisionnement en minerais critiques dans une région où ces ressources (étain, tantale, tungstène, niobium, or, lithium) alimentent depuis des décennies les économies informelles et les groupes armés.
Le document structure la triple équation que Washington entend résoudre : protéger les intérêts stratégiques américains dans les minerais critiques, dans une zone où les investissements chinois restent moins massifs qu'au Katanga ; permettre à la RDC de capter une richesse minière aujourd'hui accaparée par des circuits illégaux ; et renforcer Kigali dans son rôle de hub régional de transformation minière, un statut que le Rwanda revendique déjà depuis plusieurs années.
Des projets concrets dans le secteur minier
Le texte finalise une série d'initiatives très détaillées dans le domaine minier. Kinshasa et Kigali envisagent notamment de créer des centres de « tolling » publics-privés, installés aux postes-frontières ou dans des zones économiques spéciales. Ces plateformes devront vérifier la traçabilité des minerais, certifier les flux, appliquer automatiquement taxes et droits au pays d'origine, et sécuriser les cargaisons destinées au commerce international.
Le cadre prévoit également des systèmes d'inspection et de validation des sites miniers, le suivi complet de la chaîne de custody, la certification des exportations, ainsi que l'harmonisation des politiques fiscales afin de réduire les incitations à la contrebande. S'y ajoutent des propositions de zones économiques spéciales, de zones industrielles transfrontalières et de mécanismes d'investissement conjoints, joint ventures, outils de finance mixte ou co-participation, destinés à attirer de grands groupes miniers internationaux.
Sur le volet énergétique, Kinshasa et Kigali réactivent des projets structurants. Les deux pays s'engagent à finaliser le bouclage financier et la mise en œuvre de Ruzizi III, en coordination avec le Burundi et sous la gouvernance de la CEPGL.
Ils prévoient aussi une exploitation coordonnée du méthane du lac Kivu, avec la perspective de constituer un véritable pool énergétique régional et de lancer des études de faisabilité pour d'autres infrastructures de production et de transport de l'électricité.
Infrastructures : transport intégré, ports, routes et connexion au Corridor de Lobito
Le texte relance également un projet destiné à moderniser les ports, réduire les coûts du fret, désigner des points d'entrée et sortie officiels et améliorer la sécurité du transport lacustre.
Sur la route, Kinshasa et Kigali veulent identifier des chantiers prioritaires, renforcer les axes stratégiques, fluidifier les postes-frontière à contrôle unique et connecter progressivement la région au Corridor de Lobito, soutenu par les États-Unis et présenté comme une route d'exportation alternative vers l'Atlantique.
Le texte prévoit aussi la normalisation de l'espace aérien, la modernisation des services de navigation, ainsi que le retour progressif des liaisons directes entre les deux capitales.
Conservation : Virunga, Volcans et l'ambition d'une destination écotouristique intégrée
En matière de conservation et de tourisme, le cadre renforce la coopération transfrontalière autour du parc des Virunga (RDC) et du parc des Volcans (Rwanda), dans le cadre du Greater Virunga Transboundary Collaboration (GVTC).
Sont envisagés : des mécanismes de sécurité coordonnés, des opérations conjointes de suivi de la faune, l'adoption d'une approche One Health dans les zones tampon et la création d'une destination écotouristique intégrée, appuyée par une stratégie commune de marque et, à terme, des régimes de visas harmonisés pour les touristes et investisseurs.
Les deux pays s'engagent aussi à mettre en place des canaux de communication sanitaire transfrontaliers, à partager les données épidémiologiques, coordonner les vaccinations et travailler avec l'OMS, l'Africa CDC et le CDC américain.
Une gouvernance complexe : sommet annuel, comité de pilotage et groupes techniques
La mise en œuvre reposera sur un sommet annuel de haut niveau, un comité de pilotage (REIF Steering Committee) et plusieurs groupes de travail sectoriels chargés de traduire ces engagements dans des programmes opérationnels.
Les accords bilatéraux : Kigali-Washington et Kinshasa-Washington
Ce nouveau dispositif sera doublé de deux accords bilatéraux distincts : l'un entre Kigali et Washington, consacré à la « prospérité économique » ; l'autre entre Kinshasa et les États-Unis, un Partenariat stratégique en 17 articles qui synthétise la coopération initiée depuis l'arrivée au pouvoir du président Donald Trump.
Un accord bilatéral sur la prospérité économique sera signé entre Kigali et Washington. Selon les informations de RFI, ce document formalise une coopération déjà bien avancée notamment dans le secteur minier. Kigali, qui rejette les accusations d'exploitation illégale des minerais issus de l'Est congolais, met en avant ses propres filières industrielles : une fonderie d'étain, une raffinerie d'or et une raffinerie de tantale, sous supervision du Rwanda Mining, Petroleum and Gas Board (RMB) et du Rwanda Development Board (RDB).
Le pays s'appuie sur Trinity Metals, société créée en 2022 par la fusion des mines de Nyakabingo (tungstène), Rutongo (étain) et Musha (étain et tantale). En septembre, une première cargaison de tungstène provenant du Rwanda est arrivée aux États-Unis. La société a obtenu un financement d'assistance technique de la DFC (Société américaine de financement du développement international).
Le Partenariat stratégique RDC–États-Unis : exploration minière et projet Manono
Un second accord bilatéral, appelé Partenariat stratégique RDC–États-Unis, a également été consulté par RFI. Il comprend 17 articles et récapitule les projets de coopération engagés depuis l'élection de Donald Trump. Certains concernent de gigantesques infrastructures : le barrage d'Inga, le Corridor de Lobito ou encore Ruzizi.
Mais l'essentiel porte sur les minerais critiques. Les États-Unis soutiennent un programme d'exploration minérale à grande échelle en RDC, mobilisant des technologies avancées pour identifier de nouveaux gisements. La société KoBold Metals, active dans le lithium, figure au centre de ce dispositif : Washington soutient son initiative visant à acquérir et développer le gisement de Roche Dure à Manono. KoBold a déjà obtenu des autorisations d'exploration dans le Haut-Lomami et le Tanganyika.
Cette nouvelle architecture, baptisée « Washington accords for peace and stability », regroupe les textes déjà paraphés ces derniers mois (la Déclaration de principe du 25 avril, l'accord de paix du 27 juin), mais aussi des documents plus récents, dont le cadre d'intégration régionale en cours de finalisation.
L'objectif affiché est d'unifier ces instruments dans un mécanisme unique, plus large, encadrant à la fois les engagements politiques, sécuritaires, et économiques des deux pays.
Les minerais au cœur de la nouvelle architecture régionale
Le texte sur lequel se concentre l'essentiel de la journée de jeudi est le cadre d'intégration régionale, considéré comme l'ossature économique du processus de Washington. Il tourne autour d'un objectif central : réorganiser de manière transparente, formelle et contrôlée les chaînes d'approvisionnement en minerais critiques dans une région où ces ressources (étain, tantale, tungstène, niobium, or, lithium) alimentent depuis des décennies les économies informelles et les groupes armés.
Le document structure la triple équation que Washington entend résoudre : protéger les intérêts stratégiques américains dans les minerais critiques, dans une zone où les investissements chinois restent moins massifs qu'au Katanga ; permettre à la RDC de capter une richesse minière aujourd'hui accaparée par des circuits illégaux ; et renforcer Kigali dans son rôle de hub régional de transformation minière, un statut que le Rwanda revendique déjà depuis plusieurs années.
Des projets concrets dans le secteur minier
Le texte finalise une série d'initiatives très détaillées dans le domaine minier. Kinshasa et Kigali envisagent notamment de créer des centres de « tolling » publics-privés, installés aux postes-frontières ou dans des zones économiques spéciales. Ces plateformes devront vérifier la traçabilité des minerais, certifier les flux, appliquer automatiquement taxes et droits au pays d'origine, et sécuriser les cargaisons destinées au commerce international.
Le cadre prévoit également des systèmes d'inspection et de validation des sites miniers, le suivi complet de la chaîne de custody, la certification des exportations, ainsi que l'harmonisation des politiques fiscales afin de réduire les incitations à la contrebande. S'y ajoutent des propositions de zones économiques spéciales, de zones industrielles transfrontalières et de mécanismes d'investissement conjoints, joint ventures, outils de finance mixte ou co-participation, destinés à attirer de grands groupes miniers internationaux.
Sur le volet énergétique, Kinshasa et Kigali réactivent des projets structurants. Les deux pays s'engagent à finaliser le bouclage financier et la mise en œuvre de Ruzizi III, en coordination avec le Burundi et sous la gouvernance de la CEPGL.
Ils prévoient aussi une exploitation coordonnée du méthane du lac Kivu, avec la perspective de constituer un véritable pool énergétique régional et de lancer des études de faisabilité pour d'autres infrastructures de production et de transport de l'électricité.
Infrastructures : transport intégré, ports, routes et connexion au Corridor de Lobito
Le texte relance également un projet destiné à moderniser les ports, réduire les coûts du fret, désigner des points d'entrée et sortie officiels et améliorer la sécurité du transport lacustre.
Sur la route, Kinshasa et Kigali veulent identifier des chantiers prioritaires, renforcer les axes stratégiques, fluidifier les postes-frontière à contrôle unique et connecter progressivement la région au Corridor de Lobito, soutenu par les États-Unis et présenté comme une route d'exportation alternative vers l'Atlantique.
Le texte prévoit aussi la normalisation de l'espace aérien, la modernisation des services de navigation, ainsi que le retour progressif des liaisons directes entre les deux capitales.
Conservation : Virunga, Volcans et l'ambition d'une destination écotouristique intégrée
En matière de conservation et de tourisme, le cadre renforce la coopération transfrontalière autour du parc des Virunga (RDC) et du parc des Volcans (Rwanda), dans le cadre du Greater Virunga Transboundary Collaboration (GVTC).
Sont envisagés : des mécanismes de sécurité coordonnés, des opérations conjointes de suivi de la faune, l'adoption d'une approche One Health dans les zones tampon et la création d'une destination écotouristique intégrée, appuyée par une stratégie commune de marque et, à terme, des régimes de visas harmonisés pour les touristes et investisseurs.
Les deux pays s'engagent aussi à mettre en place des canaux de communication sanitaire transfrontaliers, à partager les données épidémiologiques, coordonner les vaccinations et travailler avec l'OMS, l'Africa CDC et le CDC américain.
Une gouvernance complexe : sommet annuel, comité de pilotage et groupes techniques
La mise en œuvre reposera sur un sommet annuel de haut niveau, un comité de pilotage (REIF Steering Committee) et plusieurs groupes de travail sectoriels chargés de traduire ces engagements dans des programmes opérationnels.
Les accords bilatéraux : Kigali-Washington et Kinshasa-Washington
Ce nouveau dispositif sera doublé de deux accords bilatéraux distincts : l'un entre Kigali et Washington, consacré à la « prospérité économique » ; l'autre entre Kinshasa et les États-Unis, un Partenariat stratégique en 17 articles qui synthétise la coopération initiée depuis l'arrivée au pouvoir du président Donald Trump.
Un accord bilatéral sur la prospérité économique sera signé entre Kigali et Washington. Selon les informations de RFI, ce document formalise une coopération déjà bien avancée notamment dans le secteur minier. Kigali, qui rejette les accusations d'exploitation illégale des minerais issus de l'Est congolais, met en avant ses propres filières industrielles : une fonderie d'étain, une raffinerie d'or et une raffinerie de tantale, sous supervision du Rwanda Mining, Petroleum and Gas Board (RMB) et du Rwanda Development Board (RDB).
Le pays s'appuie sur Trinity Metals, société créée en 2022 par la fusion des mines de Nyakabingo (tungstène), Rutongo (étain) et Musha (étain et tantale). En septembre, une première cargaison de tungstène provenant du Rwanda est arrivée aux États-Unis. La société a obtenu un financement d'assistance technique de la DFC (Société américaine de financement du développement international).
Le Partenariat stratégique RDC–États-Unis : exploration minière et projet Manono
Un second accord bilatéral, appelé Partenariat stratégique RDC–États-Unis, a également été consulté par RFI. Il comprend 17 articles et récapitule les projets de coopération engagés depuis l'élection de Donald Trump. Certains concernent de gigantesques infrastructures : le barrage d'Inga, le Corridor de Lobito ou encore Ruzizi.
Mais l'essentiel porte sur les minerais critiques. Les États-Unis soutiennent un programme d'exploration minérale à grande échelle en RDC, mobilisant des technologies avancées pour identifier de nouveaux gisements. La société KoBold Metals, active dans le lithium, figure au centre de ce dispositif : Washington soutient son initiative visant à acquérir et développer le gisement de Roche Dure à Manono. KoBold a déjà obtenu des autorisations d'exploration dans le Haut-Lomami et le Tanganyika.

