Alors que les combats continuent de ravager l’est de la République démocratique du Congo (RDC), le président Félix Tshisekedi a surpris en envoyant des signaux d’ouverture à son homologue rwandais Paul Kagame, le 9 octobre à Bruxelles. Cette inflexion diplomatique, inattendue dans un contexte de tensions armées persistantes, traduit un mélange de calculs politiques, d’impératifs militaires et de contraintes économiques, sur fond d’enlisement du processus de paix régional.
Depuis le début des hostilités avec le mouvement rebelle AFC/M23, soutenu selon Kinshasa par Kigali, le président Tshisekedi a toujours posé une ligne rouge : aucun dialogue direct avec le groupe armé.
En août 2024, alors que le Kenya pilotait encore la médiation régionale, Kinshasa avait obtenu l’exclusion du M23 des pourparlers. Mais à Luanda comme à Doha, le Rwanda a imposé sa condition : pas de négociations sans la participation du mouvement rebelle.
Résultat : pour le gouvernement congolais, le processus de paix est devenu un passage obligé, sans véritable conviction politique. Les autorités redoutent que les thématiques que le M23 veut aborder – gouvernance, décentralisation, intégration des combattants – ne viennent remettre en cause la légitimité institutionnelle et les fondements constitutionnels de l’État.
Fin septembre, l’envoyé spécial américain Massad Boulos reconnaissait d’ailleurs la complexité du dossier : « Il y a neuf grands domaines de focus. Certains prendront du temps, d’autres peuvent être réglés en quelques semaines. Certains sont d’ordre constitutionnel. »
Face à la lenteur des négociations et à la montée des pressions internes, Félix Tshisekedi veut accélérer le processus. Il estime que si Paul Kagame s’implique personnellement, le M23 pourrait être affaibli, voire neutralisé. Mais Kigali reste inflexible. Dans un communiqué publié vendredi matin, le gouvernement rwandais a réaffirmé sa position : « La paix en RDC ne pourra être atteinte qu’en s’engageant dans des négociations avec le mouvement rebelle congolais AFC/M23, conformément au processus de Doha auquel la RDC a accepté de participer. »
Kinshasa tente de retourner la scène diplomatique
À Bruxelles, Félix Tshisekedi a saisi l’occasion pour exposer Paul Kagame sur la scène internationale. Son entourage reconnaît que le geste d’ouverture était calculé. « On savait que la main tendue ne serait pas reçue de manière positive. Aujourd’hui, le monde sait quelle est la responsabilité de Paul Kagame dans ce qui arrive dans cette région », a expliqué à RFI un conseiller du président congolais. Selon plusieurs observateurs, cette stratégie vise à repositionner Kinshasa comme acteur de bonne foi tout en mettant Kigali sous pression diplomatique.
Les FDLR sommés de déposer les armes
Dans le même temps, l’armée congolaise a lancé un appel inédit aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), que Kigali qualifie de « menace existentielle ».
Dans un communiqué publié vendredi 10 octobre, le porte-parole des FARDC, le général Sylvain Ekenge, a invité les rebelles rwandais à se rendre : « Les FDLR sont appelées à déposer les armes en vue de leur rapatriement dans leur pays d’origine. » Cette disposition figure parmi les engagements-clés de l’accord de paix signé en juin dernier entre Kinshasa et Kigali sous médiation américaine.
Si le geste de Félix Tshisekedi marque une inflexion diplomatique, le chemin vers la paix demeure semé d’embûches. Le fossé politique entre Kinshasa et Kigali reste profond, les hostilités persistent à l’est, et les enjeux géostratégiques de la région continuent d’alimenter les méfiances.
Entre pressions internationales et impératifs internes, le président congolais joue une partition à haut risque, espérant transformer une ouverture tactique en avancée stratégique pour la stabilité régionale.
Depuis le début des hostilités avec le mouvement rebelle AFC/M23, soutenu selon Kinshasa par Kigali, le président Tshisekedi a toujours posé une ligne rouge : aucun dialogue direct avec le groupe armé.
En août 2024, alors que le Kenya pilotait encore la médiation régionale, Kinshasa avait obtenu l’exclusion du M23 des pourparlers. Mais à Luanda comme à Doha, le Rwanda a imposé sa condition : pas de négociations sans la participation du mouvement rebelle.
Résultat : pour le gouvernement congolais, le processus de paix est devenu un passage obligé, sans véritable conviction politique. Les autorités redoutent que les thématiques que le M23 veut aborder – gouvernance, décentralisation, intégration des combattants – ne viennent remettre en cause la légitimité institutionnelle et les fondements constitutionnels de l’État.
Fin septembre, l’envoyé spécial américain Massad Boulos reconnaissait d’ailleurs la complexité du dossier : « Il y a neuf grands domaines de focus. Certains prendront du temps, d’autres peuvent être réglés en quelques semaines. Certains sont d’ordre constitutionnel. »
Face à la lenteur des négociations et à la montée des pressions internes, Félix Tshisekedi veut accélérer le processus. Il estime que si Paul Kagame s’implique personnellement, le M23 pourrait être affaibli, voire neutralisé. Mais Kigali reste inflexible. Dans un communiqué publié vendredi matin, le gouvernement rwandais a réaffirmé sa position : « La paix en RDC ne pourra être atteinte qu’en s’engageant dans des négociations avec le mouvement rebelle congolais AFC/M23, conformément au processus de Doha auquel la RDC a accepté de participer. »
Kinshasa tente de retourner la scène diplomatique
À Bruxelles, Félix Tshisekedi a saisi l’occasion pour exposer Paul Kagame sur la scène internationale. Son entourage reconnaît que le geste d’ouverture était calculé. « On savait que la main tendue ne serait pas reçue de manière positive. Aujourd’hui, le monde sait quelle est la responsabilité de Paul Kagame dans ce qui arrive dans cette région », a expliqué à RFI un conseiller du président congolais. Selon plusieurs observateurs, cette stratégie vise à repositionner Kinshasa comme acteur de bonne foi tout en mettant Kigali sous pression diplomatique.
Les FDLR sommés de déposer les armes
Dans le même temps, l’armée congolaise a lancé un appel inédit aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), que Kigali qualifie de « menace existentielle ».
Dans un communiqué publié vendredi 10 octobre, le porte-parole des FARDC, le général Sylvain Ekenge, a invité les rebelles rwandais à se rendre : « Les FDLR sont appelées à déposer les armes en vue de leur rapatriement dans leur pays d’origine. » Cette disposition figure parmi les engagements-clés de l’accord de paix signé en juin dernier entre Kinshasa et Kigali sous médiation américaine.
Si le geste de Félix Tshisekedi marque une inflexion diplomatique, le chemin vers la paix demeure semé d’embûches. Le fossé politique entre Kinshasa et Kigali reste profond, les hostilités persistent à l’est, et les enjeux géostratégiques de la région continuent d’alimenter les méfiances.
Entre pressions internationales et impératifs internes, le président congolais joue une partition à haut risque, espérant transformer une ouverture tactique en avancée stratégique pour la stabilité régionale.

