Alors que les négociations entre Dakar et le Fonds monétaire international sur un nouveau programme patinent et que des tensions apparaissent au sommet de l’État, les obligations sénégalaises libellées en euros et en dollars s’effondrent. L’illustration d’une défiance croissante des investisseurs vis-à-vis du pays.
« Ce que nous disent nos partenaires, c’est de restructurer cette dette abyssale que nous avons découverte. Mais nous avons été clairs : il n’en est pas question. Ce serait une humiliation pour notre peuple. » En prononçant cette phrase devant les militants de Pastef, le 8 novembre, à l’occasion de son « terameeting », Ousmane Sonko, le premier ministre sénégalais, pourrait avoir encore aggravé la situation des finances publiques de son pays.
Comme le relève l’agence de presse Reuters, les obligations internationales du Sénégal ont atteint, le 12 novembre, des niveaux historiquement bas. Les obligations libellées en euros et en dollars émises ont chuté de 2,5 à 3,0 cents, selon les données de Tradeweb. Les obligations arrivant à échéance en 2031 et au-delà se sont ainsi négociées à un niveau inférieur à 70 cents sur l’euro ou le dollar, seuil en dessous duquel la dette est considérée comme en difficulté. En clair, les investisseurs craignent un défaut de paiement de la part de Dakar.
La restructuration, au cœur des tensions
Autre signe que les marchés sont inquiets, les coûts de l’assurance contre les risques de défaut de paiement, les « credit default swaps » (CDS), ont presque doublé en seulement quelques jours, passant de 750 à 1 120 points de base. Ces CDS sont souscrits pas les investisseurs qui craignent que le Sénégal ne puisse plus honorer ses échéances.
Mais les obligations sénégalaises avaient déjà entamé leur décrue après la fin de la mission du Fonds monétaire international (FMI) à Dakar, le 6 novembre dernier. Les responsables de l’institution ont quitté la capitale sénégalaise en saluant les efforts en faveur de la transparence et des réformes mais sans annoncer de progrès notables dans la mise en place d’un nouveau programme de prêt. Comme le révélait Jeune Afrique en octobre, la restructuration d’une partie de la dette sénégalaise est sur la table des négociations et au cœur des tensions entre l’institution et Dakar.
Le FMI a suspendu en 2024 un précédent programme de 1,8 milliard de dollars après la découverte de passifs hors bilan, c’est-à-dire d’une « dette cachée », désormais évaluée à plus de 11 milliards de dollars. Selon les estimations du Fonds, la dette publique totale – y compris celle des entreprises d’État – atteint 132 % du PIB à fin 2024, estimant néanmoins que l’économie du Sénégal « demeure résiliente » soutenue par « le démarrage de la production de pétrole et de gaz et le secteur agricole ».
Tensions au sommet de l’État
« Même s’il est remarquable que le gouvernement souhaite honorer son engagement, le désaccord avec le FMI met son programme en péril et coupe également toute autre source de financement provenant d’autres agences multilatérales », a commenté auprès de Reuters Jeff Grills, responsable de la dette des marchés émergents chez Aegon Asset Management.
Les analystes s’inquiètent également des désaccords croissants au plus haut sommet de l’État. En effet, les tensions entre le président et le premier ministre sénégalais ont atteint un nouveau palier, au lendemain du « terameeting » pourtant censé démontrer l’unité de la majorité.
Le chef de l’État Bassirou Diomaye Faye a annoncé mettre fin aux fonctions d’Aïda Mbodj, la protégée d’Ousmane Sonko, à la tête de la « Coalition Diomaye président », désignant à sa place Aminata Touré, ancienne première ministre de Macky Sall. Ce changement à la tête de l’alliance de partis créée en amont de la présidentielle d’avril 2024 pour mener campagne aux côtés de Pastef, le parti sur lequel Ousmane Sonko règne en maître, sonne comme un désaveu pour le premier ministre.
Bien que les deux hommes démentent les rumeurs d’une lutte de pouvoir entre eux, les analystes estiment que ce différend pourrait encore affaiblir la position du gouvernement dans les négociations avec le FMI en vue du nouveau programme de soutien.
« Ce que nous disent nos partenaires, c’est de restructurer cette dette abyssale que nous avons découverte. Mais nous avons été clairs : il n’en est pas question. Ce serait une humiliation pour notre peuple. » En prononçant cette phrase devant les militants de Pastef, le 8 novembre, à l’occasion de son « terameeting », Ousmane Sonko, le premier ministre sénégalais, pourrait avoir encore aggravé la situation des finances publiques de son pays.
Comme le relève l’agence de presse Reuters, les obligations internationales du Sénégal ont atteint, le 12 novembre, des niveaux historiquement bas. Les obligations libellées en euros et en dollars émises ont chuté de 2,5 à 3,0 cents, selon les données de Tradeweb. Les obligations arrivant à échéance en 2031 et au-delà se sont ainsi négociées à un niveau inférieur à 70 cents sur l’euro ou le dollar, seuil en dessous duquel la dette est considérée comme en difficulté. En clair, les investisseurs craignent un défaut de paiement de la part de Dakar.
La restructuration, au cœur des tensions
Autre signe que les marchés sont inquiets, les coûts de l’assurance contre les risques de défaut de paiement, les « credit default swaps » (CDS), ont presque doublé en seulement quelques jours, passant de 750 à 1 120 points de base. Ces CDS sont souscrits pas les investisseurs qui craignent que le Sénégal ne puisse plus honorer ses échéances.
Mais les obligations sénégalaises avaient déjà entamé leur décrue après la fin de la mission du Fonds monétaire international (FMI) à Dakar, le 6 novembre dernier. Les responsables de l’institution ont quitté la capitale sénégalaise en saluant les efforts en faveur de la transparence et des réformes mais sans annoncer de progrès notables dans la mise en place d’un nouveau programme de prêt. Comme le révélait Jeune Afrique en octobre, la restructuration d’une partie de la dette sénégalaise est sur la table des négociations et au cœur des tensions entre l’institution et Dakar.
Le FMI a suspendu en 2024 un précédent programme de 1,8 milliard de dollars après la découverte de passifs hors bilan, c’est-à-dire d’une « dette cachée », désormais évaluée à plus de 11 milliards de dollars. Selon les estimations du Fonds, la dette publique totale – y compris celle des entreprises d’État – atteint 132 % du PIB à fin 2024, estimant néanmoins que l’économie du Sénégal « demeure résiliente » soutenue par « le démarrage de la production de pétrole et de gaz et le secteur agricole ».
Tensions au sommet de l’État
« Même s’il est remarquable que le gouvernement souhaite honorer son engagement, le désaccord avec le FMI met son programme en péril et coupe également toute autre source de financement provenant d’autres agences multilatérales », a commenté auprès de Reuters Jeff Grills, responsable de la dette des marchés émergents chez Aegon Asset Management.
Les analystes s’inquiètent également des désaccords croissants au plus haut sommet de l’État. En effet, les tensions entre le président et le premier ministre sénégalais ont atteint un nouveau palier, au lendemain du « terameeting » pourtant censé démontrer l’unité de la majorité.
Le chef de l’État Bassirou Diomaye Faye a annoncé mettre fin aux fonctions d’Aïda Mbodj, la protégée d’Ousmane Sonko, à la tête de la « Coalition Diomaye président », désignant à sa place Aminata Touré, ancienne première ministre de Macky Sall. Ce changement à la tête de l’alliance de partis créée en amont de la présidentielle d’avril 2024 pour mener campagne aux côtés de Pastef, le parti sur lequel Ousmane Sonko règne en maître, sonne comme un désaveu pour le premier ministre.
Bien que les deux hommes démentent les rumeurs d’une lutte de pouvoir entre eux, les analystes estiment que ce différend pourrait encore affaiblir la position du gouvernement dans les négociations avec le FMI en vue du nouveau programme de soutien.