PJF : Pape Malick Ndour longuement entendu, la défense annonce une demande de liberté provisoire

Mercredi 31 Décembre 2025

Face aux juges du Pool judiciaire financier (PJF), Pape Malick Ndour a cessé de subir. Entendu longuement hier par le Collège des juges d’instruction, l’ancien coordonnateur du Prodac a choisi de retourner l’accusation, engageant une véritable contre-offensive judiciaire pour démonter, pièce par pièce, les charges qui pèsent contre lui.

Selon L’Observateur, l’ex-ministre de la Jeunesse s’est présenté devant les magistrats avec un dossier étoffé, composé de justificatifs, de documents comptables et d’éléments matériels qu’il estime de nature à faire voler en éclats l’architecture de l’accusation. Cette audition au fond, qui a duré près de quatre heures, de 10 heures à presque 14 heures, marque un tournant dans la procédure et ouvre désormais la voie à une demande imminente de liberté provisoire, annoncée par ses avocats.

Inculpé depuis le 7 novembre 2025 pour association de malfaiteurs, complicité de détournement de deniers publics portant sur plus de 2,7 milliards de francs CFA et blanchiment de capitaux, Pape Malick Ndour a répondu point par point aux interrogations du Collège des juges d’instruction du PJF. Une audition marathon que la défense présente comme méthodique et maîtrisée.

Cité par L’Observateur, Me Oumar Youm, membre du pool d’avocats, affirme que son client s’est expliqué « avec précision, objectivité, pertinence et clarté ». Au cœur des soupçons figure une lettre que l’accusation interprète comme une instruction de mainlevée d’une garantie de cautionnement. Une lecture que la défense rejette catégoriquement. « Il ne s’agissait nullement d’une instruction, mais d’une simple demande d’explication et de clarification, inscrite dans une démarche de transparence », tranche l’avocat.

La défense affirme également que l’ancien ministre a produit l’ensemble des pièces relatives aux acquisitions de matériels et aux paiements effectués dans le cadre du Prodac. Selon elle, toutes les opérations ont été réalisées conformément aux règles en vigueur. Plus encore, aucune des entités concernées — ni Green 2000, la société israélienne chargée des travaux, ni Locafrique, responsable des paiements — n’aurait dénoncé la moindre malversation.

Sur le nœud central du dossier, à savoir les 2,7 milliards de francs CFA, Me Oumar Youm est catégorique : « Le paiement n’a pas été effectué par Pape Malick Ndour, mais par Locafrique, un organisme privé mandaté par l’État du Sénégal ». Le rôle de son client, insiste-t-il, s’est limité à la transmission de documents commerciaux attestant de la conformité des prestations de Green 2000, documents aujourd’hui versés au dossier judiciaire.

Interpellé par le président du Collège des juges d’instruction, Idrissa Diarra, ainsi que par un substitut du parquet financier, sur un paiement de 40 millions de francs CFA, l’ancien ministre a nié toute implication directe. Il affirme n’avoir donné aucun ordre de paiement, expliquant avoir simplement sollicité des documents relatifs à une opération antérieure à sa prise de fonction au Prodac. Concernant les 2,7 milliards, il soutient que la totalité des pièces justificatives a été produite et invite même les juges à en vérifier la traçabilité auprès du Port et des Douanes, rappelant que le Prodac bénéficiait d’une exonération douanière.

Fort de ces éléments, le pool d’avocats balaie les poursuites d’un revers de main. « Ces accusations sont d’une très grande légèreté et ne justifient nullement une détention, fût-elle sous bracelet électronique », assène Me Youm. La défense annonce ainsi le dépôt imminent d’une demande de liberté provisoire pour contestation sérieuse, assortie d’une requête visant la mainlevée du bracelet électronique.
exclusif net
Dans la même rubrique :