ONU : une commission d’enquête accuse Israël de « génocide » à Gaza

Mercredi 17 Septembre 2025

Selon une commission d'enquête indépendante de l'ONU, Israël se rend coupable d'actes génocidaires dans la bande de Gaza. Elle a accusé, dans un nouveau rapport présenté mardi 16 septembre le président israélien Isaac Herzog, le Premier ministre Benyamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense Yoav Gallant d'avoir « incité à commettre un génocide ». Si la commission a été mandatée par l'ONU, elle ne s'exprime toutefois pas au nom de l'organisation.


Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé ce 16 septembre 2025 Israël de commettre un « génocide » à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de « détruire » les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre et d'autres responsables israéliens.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée « à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire » dans ce territoire palestinien, a déclaré à l'Agence France Presse sa présidente, Navi Pillay. « La responsabilité incombe à l'État d'Israël », a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport.

Israël a, de son côté, « rejeté catégoriquement » un « rapport biaisé et mensonger ». Le ministère des Affaires étrangères a appelé à la « dissolution immédiate » de la commission.



« Quatre des cinq actes génocidaires »
La commission d'enquête a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes ont commis « quatre des cinq actes génocidaires » définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide. À savoir : « meurtre de membres du groupe ; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe ; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ».

Cette commission de l'ONU a conclu que le président israélien Isaac Herzog, le Premier ministre Benyamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense Yoav Gallant ont « incité à commettre un génocide, et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures » pour les en empêcher. « Il est clair qu'il existe une intention de détruire les Palestiniens à Gaza par des actes répondant aux critères énoncés dans la Convention sur le génocide », a relevé dans un communiqué Navi Pillay, qui fut également présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI). 


Les plus hauts dirigeants israéliens « ont orchestré une campagne génocidaire », a précisé la Sud-Africaine de 83 ans, ancienne Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme. « C’est difficile de comprendre à quel point [l’attaque] du 7 octobre 2023 a traumatisé le peuple israélien… Mais ce traumatisme et ces souffrances ont été manipulés par Netanyahu et sa clique depuis deux ans. Il est temps que ça cesse et que ceux qui sont responsables de tout ça rendent des comptes », a ajouté Chris Sidoti, l’un des membres de la commission d’enquête, au micro de Jérémie Lanche, notre correspondant à Genève.



Un accord de coopération entre la commission et la CPI
La commission n'est pas une instance juridique, mais ses rapports peuvent accroître la pression diplomatique et servent à recueillir des preuves que les tribunaux peuvent utiliser. La commission a conclu un accord de coopération avec la Cour pénale internationale (CPI) avec laquelle elle a « partagé des milliers d'informations », a aussi expliqué Navi Pillay à l'AFP.

« La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à la campagne génocidaire lancée par Israël contre le peuple palestinien à Gaza. Lorsque des signes et des preuves manifestes de génocide apparaissent, l'absence d'action pour y mettre fin équivaut à une complicité », a-t-elle souligné. 

L'ONU n'a pas qualifié la situation de génocide, mais le chef des opérations humanitaires avait exhorté, à la mi-mai, les dirigeants mondiaux à « agir pour empêcher un génocide ». À La Haye, la Cour internationale de Justice (CIJ) avait sommé Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide. Quatre mois après, le procureur de la CPI avait demandé que des mandats d'arrêt soient délivrés à l'encontre de Benyamin Netanyahu et Yoav Gallant, soupçonnés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre.
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