Netflix rachète Warner Bros pour 83 milliards : un séisme dans l’industrie du divertissement

Vendredi 5 Décembre 2025

Netflix, numéro 1 mondial du streaming par abonnement, a annoncé vendredi 5 décembre qu'un accord a été trouvé pour le rachat du géant Warner Bros Discovery (WBD) – propriétaire de HBO Max – pour 82,7 milliards de dollars (soit un peu plus de 71 milliards d'euros). Une opération record: il s'agira de la plus importante fusion du secteur depuis le rachat de Fox par Disney pour 71 milliards de dollars en 2019. Mais l'opération inquiète aussi Hollywood.


Une guerre éclair qui a vu s'affronter trois poids lourds d'Hollywood. D'un côté, Netflix, leader incontesté du streaming mondial. De l'autre, Paramount (fraîchement fusionné avec Skydance sous la houlette de David Ellison) et Comcast, géant câblo-opérateur américain.

Warner Bros Discovery avait été officiellement mis en vente en octobre 2025 après plusieurs offres consécutives de Paramount. L’objectif : conclure un accord avant la fin décembre.

À ce jeu, c'est Netflix qui a pris l’avantage. Warner Bros et Netflix ont annoncé ce vendredi 5 décembre qu'un accord définitif a été conclu. Netflix s’apprête donc à débourser près de 83 milliards pour s’offrir le studio centenaire. Dans un communiqué, la plateforme met en avant une alliance « réunissant deux entreprises pionnières du divertissement », combinant la puissance mondiale de Netflix et « l’héritage séculaire » de Warner Bros.

Concrètement, avec ce rachat, Netflix mettrait la main sur le catalogue des films Warner, avec, entre autres, la saga Harry Potter, la série télévisée Friends, ou encore des classiques comme Casablanca ou Citizen Kane. L'opération permet aussi à Netflix d'acquérir le prestigieux service de vidéo à la demande HBO Max. Le PDG Ted Sarandos promet déjà une offre groupée potentiellement moins chère que deux abonnements séparés Netflix + HBO Max.

« Ce serait un désastre » prévient James Cameron
Dans l’industrie, la nouvelle fait grincer des dents. Beaucoup redoutent qu’une fusion Netflix–Warner Bros n’accélère encore la bascule du cinéma vers le streaming, au détriment des salles obscures. Aux États-Unis, les négociations se durcissent sur la « fenêtre d’exclusivité » : Netflix propose 17 jours en salles, AMC, premier circuit américain, exige 45 jours.

Résultat : aucun des films Netflix en course pour les Oscars (A House of Dynamite, Wake Up Dead Man, Frankenstein) n’a été distribué par les trois principaux réseaux de salles (AMC, Regal, Cinemark).

Le réalisateur des blockbusters Titanic et Avatar, James Cameron, a, lui, tiré la sonnette d’alarme dans une interview à Puck : « Netflix serait un désastre. Désolé, Ted [Sarandos], mais bon sang », lâche-t-il sans détour.


La firme au N rouge se veut rassurante et affirme qu'elle maintiendra les sorties de films en salles. Elle indique vouloir poursuivre et même augmenter ses investissements dans les contenus originaux.

Un pouvoir « excessif » sur le marché du streaming
Ce rachat doit encore être validé par les actionnaires de Warner Bros et les régulateurs américains.Tout le monde n'est pas convaincu par l'opération. À la Maison Blanche, on s’inquiète notamment d’un rachat susceptible de donner à Netflix un pouvoir excessif sur le marché du streaming.

Le rachat fera probablement « l'objet d'un examen approfondi de la part des régulateurs américains et européens, car il soulève des craintes légitimes de monopole », a commenté dans une note Kathleen Brooks, de XTB. « De plus, si l'accord échoue ou n'obtient pas les approbations, Netflix devra verser près de 6 milliards de dollars à Warner Bros », ajoute-t-elle.

Pour Netflix, cela représente un sérieux point faible : ses concurrents Paramount et Comcast suscitent moins de craintes politiques.
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