Madagascar vit l'une des plus graves crises politiques de son histoire récente. Ce qui a commencé comme une contestation populaire contre les coupures d’eau et d’électricité s’est transformé en une révolte nationale visant directement le président Andry Rajoelina. Les manifestations ont pris une tournure décisive avec la mutinerie d’un contingent militaire du CAPSAT, qui a rejoint les manifestants et appelé les forces de l’ordre à « refuser les ordres de tirer ». Depuis, la capitale est entrée dans une zone d’incertitude totale.
Rajoelina dénonce une « tentative de prise du pouvoir par la force »
Face à la pression populaire et à la défection d’une partie de l’armée, le président Andry Rajoelina a réagi ce dimanche matin par un communiqué solennel. Il y déclare qu’« une tentative de prise du pouvoir illégale et par la force, contraire à la Constitution et aux principes démocratiques, est en cours sur le territoire national ».
Samedi, des rumeurs sur son éventuel départ du pays avaient circulé, obligeant la présidence à préciser que le chef de l’État « reste dans le pays » et continue de « gérer les affaires nationales ».
De son côté, le nouveau Premier ministre, Ruphin Zafisambo, a assuré que le gouvernement « se maintient fermement » et se dit « prêt à collaborer et à écouter toutes les forces : les jeunes, les syndicats et l’armée », tout en mettant en garde : « Madagascar ne pourra pas résister à d’autres crises si cette division persiste. »
Le CAPSAT proclame le contrôle de la chaîne de commandement
Dans une déclaration vidéo diffusée samedi soir, des officiers du Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques (CAPSAT) ont affirmé avoir pris le contrôle opérationnel de l’armée malgache :
« Désormais, tous les ordres de l’armée malgache, terre, air, mer, émaneront du quartier général du CAPSAT. »
Ce même corps militaire avait déjà joué un rôle central dans la crise de 2009, qui avait porté Andry Rajoelina au pouvoir. Leur ralliement aux manifestants marque aujourd’hui un tournant potentiellement décisif dans cette nouvelle confrontation.
Coup de tonnerre institutionnel : le président du Sénat démis de ses fonctions
Autre événement majeur, le bureau permanent du Sénat a annoncé la destitution du général Richard Ravalomanana, président de la Chambre haute. Dans un communiqué, les sénateurs invoquent la défense de « l’intérêt supérieur de la nation » et de la stabilité institutionnelle.
Une décision lourde de conséquences, car selon la Constitution malgache, c’est le président du Sénat qui assure l’intérim en cas de vacance du pouvoir. Désormais, en cas d’empêchement du chef de l’État, c’est le gouvernement qui exercerait collectivement cette fonction.
Une mobilisation sans précédent depuis le 25 septembre
La manifestation de ce samedi 11 octobre est considérée comme l’une des plus importantes depuis le début du mouvement, initié par le collectif Gen Z. D’abord centré sur les revendications sociales, le mouvement s’est mué en une contestation politique visant directement Andry Rajoelina.
Des milliers de personnes ont convergé vers la place du 13-Mai, lieu symbolique depuis les années 1970 où se font et se défont les régimes.
Des étudiants, responsables religieux, leaders politiques et désormais des militaires mutinés y ont pris place, scandant le départ du président.
Entre mutinerie, colère populaire et vide institutionnel : un avenir incertain
Alors qu’une nouvelle manifestation est prévue ce dimanche à Antananarivo, la situation demeure explosive. Une cérémonie funéraire est en parallèle organisée pour un soldat tué lors des précédents affrontements, renforçant la tension émotionnelle dans les rangs militaires.
L’accaparement présumé des biens publics malgaches par des hommes d’affaires israéliens serait l’une des causes profondes des manifestations actuelles. La population se soulève notamment contre la société nationale JIRAMA, dirigée depuis mai 2024 par l’Israélien Ron Weiss, accusée de priver des millions de personnes d’accès à l’eau potable et à l’électricité.
Ce mécontentement s’amplifie avec la présence d’entreprises étrangères dans des secteurs stratégiques. L’entreprise israélienne LR Group a récemment obtenu un marché rizicole estimé à plus de 90 millions de dollars, tandis que d’autres acteurs israéliens seraient déjà implantés dans divers domaines économiques du pays.
Voilà le véritable nœud du problème : une colère populaire nourrie par le sentiment d’ingérence étrangère et de spoliation des ressources nationales.
Le président Rajoelina, désormais contesté dans la rue comme au sein des institutions, semble plus isolé que jamais. Le pays retient son souffle, partagé entre le risque de basculement et l’espoir d’un changement de régime.
Rajoelina dénonce une « tentative de prise du pouvoir par la force »
Face à la pression populaire et à la défection d’une partie de l’armée, le président Andry Rajoelina a réagi ce dimanche matin par un communiqué solennel. Il y déclare qu’« une tentative de prise du pouvoir illégale et par la force, contraire à la Constitution et aux principes démocratiques, est en cours sur le territoire national ».
Samedi, des rumeurs sur son éventuel départ du pays avaient circulé, obligeant la présidence à préciser que le chef de l’État « reste dans le pays » et continue de « gérer les affaires nationales ».
De son côté, le nouveau Premier ministre, Ruphin Zafisambo, a assuré que le gouvernement « se maintient fermement » et se dit « prêt à collaborer et à écouter toutes les forces : les jeunes, les syndicats et l’armée », tout en mettant en garde : « Madagascar ne pourra pas résister à d’autres crises si cette division persiste. »
Le CAPSAT proclame le contrôle de la chaîne de commandement
Dans une déclaration vidéo diffusée samedi soir, des officiers du Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques (CAPSAT) ont affirmé avoir pris le contrôle opérationnel de l’armée malgache :
« Désormais, tous les ordres de l’armée malgache, terre, air, mer, émaneront du quartier général du CAPSAT. »
Ce même corps militaire avait déjà joué un rôle central dans la crise de 2009, qui avait porté Andry Rajoelina au pouvoir. Leur ralliement aux manifestants marque aujourd’hui un tournant potentiellement décisif dans cette nouvelle confrontation.
Coup de tonnerre institutionnel : le président du Sénat démis de ses fonctions
Autre événement majeur, le bureau permanent du Sénat a annoncé la destitution du général Richard Ravalomanana, président de la Chambre haute. Dans un communiqué, les sénateurs invoquent la défense de « l’intérêt supérieur de la nation » et de la stabilité institutionnelle.
Une décision lourde de conséquences, car selon la Constitution malgache, c’est le président du Sénat qui assure l’intérim en cas de vacance du pouvoir. Désormais, en cas d’empêchement du chef de l’État, c’est le gouvernement qui exercerait collectivement cette fonction.
Une mobilisation sans précédent depuis le 25 septembre
La manifestation de ce samedi 11 octobre est considérée comme l’une des plus importantes depuis le début du mouvement, initié par le collectif Gen Z. D’abord centré sur les revendications sociales, le mouvement s’est mué en une contestation politique visant directement Andry Rajoelina.
Des milliers de personnes ont convergé vers la place du 13-Mai, lieu symbolique depuis les années 1970 où se font et se défont les régimes.
Des étudiants, responsables religieux, leaders politiques et désormais des militaires mutinés y ont pris place, scandant le départ du président.
Entre mutinerie, colère populaire et vide institutionnel : un avenir incertain
Alors qu’une nouvelle manifestation est prévue ce dimanche à Antananarivo, la situation demeure explosive. Une cérémonie funéraire est en parallèle organisée pour un soldat tué lors des précédents affrontements, renforçant la tension émotionnelle dans les rangs militaires.
L’accaparement présumé des biens publics malgaches par des hommes d’affaires israéliens serait l’une des causes profondes des manifestations actuelles. La population se soulève notamment contre la société nationale JIRAMA, dirigée depuis mai 2024 par l’Israélien Ron Weiss, accusée de priver des millions de personnes d’accès à l’eau potable et à l’électricité.
Ce mécontentement s’amplifie avec la présence d’entreprises étrangères dans des secteurs stratégiques. L’entreprise israélienne LR Group a récemment obtenu un marché rizicole estimé à plus de 90 millions de dollars, tandis que d’autres acteurs israéliens seraient déjà implantés dans divers domaines économiques du pays.
Voilà le véritable nœud du problème : une colère populaire nourrie par le sentiment d’ingérence étrangère et de spoliation des ressources nationales.
Le président Rajoelina, désormais contesté dans la rue comme au sein des institutions, semble plus isolé que jamais. Le pays retient son souffle, partagé entre le risque de basculement et l’espoir d’un changement de régime.