Juan Branco alerte sur une “trahison annoncée” et dénonce une rupture entre les promesses révolutionnaires et la gouvernance actuelle

Jeudi 20 Novembre 2025

Dans une longue déclaration, l’avocat franco-espagnol Me Juan Branco a vivement interpellé les autorités sénégalaises sur ce qu'il considère comme une dérive dangereuse du projet politique issu de la mobilisation citoyenne des dernières années. L’avocat estime que le pays se trouve à un tournant historique et met en garde contre une « trahison du peuple sénégalais ».



D’emblée, Me Branco affirme que les enjeux du moment dépassent largement le débat politique traditionnel. « Le legs de la révolution sénégalaise est en jeu », a-t-il déclaré, estimant qu’il ne s’agit plus seulement de « la lutte contre l’impunité » ou du respect de quelques engagements programmatiques, mais du « destin d'un peuple et de sa jeunesse ».

Il rappelle que les sacrifices consentis par les Sénégalais — du combat contre le franc CFA aux revendications souverainistes — ont été « une leçon donnée au monde », souligne-t-il. Il accuse une administration “paralysée” par l’ancien système

L’avocat décrit une administration dominée, selon lui, par les survivances du passé.
« Les mêmes ambassadeurs, les mêmes magistrats, les mêmes économistes et administrateurs sont au pouvoir », dénonce-t-il, regrettant que seule une poignée de militants aient été placés à des postes « où leurs marges de manœuvre sont radicalement limitées ».

Il assure que « des secrétaires généraux de l'ancien monde dictent encore leur loi », freinent les initiatives et « étouffent les transformations promises ».

Un avertissement contre les compromis politiques

Me Branco se dit choqué par certaines orientations en cours.
« Comment ne pas s’indigner, lorsqu’après avoir nommé une personnalité, on cherche à offrir à une représentante de l’ancien monde le fruit de tant de sacrifices ? », interroge-t-il.

Il alerte sur le risque de reproduire « les erreurs mortelles » du passé : « Dans six mois, des milliers de Sénégalais périront encore en mer et ces mêmes êtres détourneront le regard », prévient-il. Sur le plan sécuritaire, il affirme que : « Des groupes armés grignoteront tôt ou tard notre territoire si rien n’est fait pour repenser notre sécurité régionale ».



Juan Branco redoute un renoncement général aux engagements fondateurs de la nouvelle gouvernance. « Je préviens solennellement d’une trahison que tout semble annoncer », insiste-t-il, martelant qu’il n’y aura « ni excuses, ni télénovela politique pour l’enjoliver ». Il appelle le Sénégal à rompre avec ce qu'il qualifie de « spirale corruptive », à tenir tête au FMI, et à solliciter davantage les BRICS afin d’obtenir « des financements d’industrialisation et de formation universitaire ».



Me Branco estime que le Sénégal doit adopter une position beaucoup plus affirmée sur la scène internationale : « Le Sénégal doit harceler ses camarades endormis sur la question palestinienne, à l’ONU comme dans les nouvelles institutions internationales », souligne-t-il.

Il critique également l’influence de certains conglomérats ou acteurs économiques étrangers : « Comment comprendre que Xavier Niel, Orange ou la fondation Bill Gates continuent de dominer ? », s’interroge-t-il.

« Ousmane Sonko est le seul dirigeant légitime »

L’avocat place l’actuel Premier ministre au cœur de sa démonstration : « Quand ce grand homme qu’est Ousmane Sonko fait gagner une élection au premier tour, sans campagne, il n’y a pas de formalité institutionnelle qui tienne », affirme-t-il.
Selon lui : « Cet homme qui a battu un système est le seul dirigeant légitime du pays ».
Et il ajoute : « Que ceux qui font obstacle à la souveraineté du peuple se soumettent ou se démettent ».



En cas de blocage institutionnel, Me Branco suggère un recours direct au peuple :
« Qu’une réforme constitutionnelle soit proposée pour trancher tout conflit de légitimité », estime-t-il. Il met en garde : « Les hommes et les institutions ne sont que des instruments au service d’un peuple qui s’est battu et a versé des larmes de sang ».



La sortie très politique de Me Juan Branco intervient dans un contexte de tensions internes et de débats sur les orientations stratégiques du pouvoir. Son texte, à la fois éloge, critique, avertissement et plaidoyer souverainiste, interpelle directement les détenteurs actuels de l’autorité publique.

Il conclut en saluant « la voix du peuple » incarnée selon lui par Ousmane Sonko :
« Le 8 novembre, Sonko a montré qui il était : la voix d’un peuple », dit-il.

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