Haïti : un magistrat accusé d’exécuter lui-même des présumés « bandits »

Mercredi 3 Décembre 2025

Jean Ernest Muscadin, commissaire du gouvernement de Miragoâne en Haïti depuis 2019, divise profondément la population. Pour une partie des habitants du département des Nippes, il est l’homme providentiel qui empêche l’expansion des gangs armés vers le « Grand Sud », alors que ceux-ci terrorisent Port-au-Prince et plusieurs régions du pays. Son action musclée est saluée localement comme un rempart contre l’insécurité.
Mais ses méthodes expéditives en font une figure très controversée. Le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh) l’accuse, dans son dernier rapport sur les droits humains, d’être impliqué dans une exécution extrajudiciaire en juillet 2024 et affirme qu’il avait déjà exécuté vingt-sept personnes le trimestre précédent. Des ONG haïtiennes, dont le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), dénoncent un magistrat qui, au lieu d’instruire des dossiers, se transforme en justicier armé, procédant à des exécutions sommaires dans un pays où la peine de mort est abolie depuis 1987.
Le RNDDH avait déjà signalé ses pratiques en 2023, rappelant notamment un cas survenu en mai 2022 où Muscadin avait filmé l’interrogatoire d’un membre d’un gang avant de l’exécuter en direct. Entre soutien populaire et graves accusations de violations des droits humains, le commissaire demeure l’une des personnalités les plus controversées de la lutte contre les gangs en Haïti.https://kassataya.com/en-haiti-un-magistrat-accuse-dexecuter-lui-meme-des-bandits/
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