Il pleuvait sur Tanger. Une pluie banale, presque administrative, celle qui tombe sans demander l’avis ni des officiels ni des hymnes. Une pluie qui mouille les épaules, froisse les costumes protocolaires et rappelle que le football, avant d’être une industrie, reste un spectacle exposé aux caprices du ciel. Et pendant que les hymnes nationaux suivaient leur solennel parcours, poitrine bombée, regard lointain, mâchoire serrée, un détail, minuscule mais immense, a déchiré la scène.
Édouard Mendy, gardien des Lions de la Teranga, millionnaire du football moderne, dernier rempart bardé de gants et de silence, a fait ce que tant d’hommes puissants oublient de faire : il a vu. Il a vu la pluie tomber sur la tête d’une jeune Marocaine, frêle figurante d’un protocole trop grand pour elle. Il n’a pas consulté un règlement. Il n’a pas attendu un ordre. Il n’a pas regardé la caméra. Il a simplement pris sa serviette. Et il l’a levée. Comme un parapluie de dignité.
Dans un monde où l’on protège surtout son image, ses statistiques, ses primes de match et ses réseaux sociaux, Mendy a protégé une enfant. Pas un ballon. Pas un but. Pas un palmarès. Une enfant. Le geste n’a duré que quelques secondes, mais il a giflé des années d’indifférence mondialisée. Une serviette contre la pluie, et soudain tout le football se retrouve nu face à une question simple : quand avons-nous cessé d’être humains avant d’être performants ?
Ce geste, évidemment, n’était pas dans le plan de jeu. Aucun entraîneur ne l’enseigne. Aucun agent ne le facture. Pourtant, c’est peut-être là que Mendy a réalisé son plus bel arrêt : arrêter la brutalité de l’habitude, arrêter la froideur du protocole, arrêter cette idée absurde selon laquelle un joueur doit rester figé pendant qu’un enfant tremble à côté de lui.
Qu’on ne s’y trompe pas : ce n’est pas un exploit héroïque au sens hollywoodien. C’est bien mieux. C’est une décence spontanée, presque subversive à l’ère du cynisme. Un acte qui rappelle que l’Afrique qu’incarne Mendy n’est pas seulement celle des talents exportés, mais aussi celle des valeurs transmises sans discours. La Teranga, ce mot galvaudé par les slogans, a trouvé là une traduction concrète : partager ce que l’on a, même une simple serviette, même sous les projecteurs.
Pendant que certains footballeurs s’agenouillent uniquement quand les caméras sont bien placées, Édouard Mendy s’est penché, naturellement. Sans bruit. Sans communiqué. Et c’est peut-être pour cela que le geste résonne encore plus fort que les hymnes eux-mêmes.
Oui, magnifions ce moment. Non pas pour en faire une légende artificielle, mais pour rappeler une évidence trop souvent oubliée : la grandeur ne se mesure pas toujours en trophées. Parfois, elle tient dans un carré de tissu levé contre la pluie.
Par Malick BA
Édouard Mendy, gardien des Lions de la Teranga, millionnaire du football moderne, dernier rempart bardé de gants et de silence, a fait ce que tant d’hommes puissants oublient de faire : il a vu. Il a vu la pluie tomber sur la tête d’une jeune Marocaine, frêle figurante d’un protocole trop grand pour elle. Il n’a pas consulté un règlement. Il n’a pas attendu un ordre. Il n’a pas regardé la caméra. Il a simplement pris sa serviette. Et il l’a levée. Comme un parapluie de dignité.
Dans un monde où l’on protège surtout son image, ses statistiques, ses primes de match et ses réseaux sociaux, Mendy a protégé une enfant. Pas un ballon. Pas un but. Pas un palmarès. Une enfant. Le geste n’a duré que quelques secondes, mais il a giflé des années d’indifférence mondialisée. Une serviette contre la pluie, et soudain tout le football se retrouve nu face à une question simple : quand avons-nous cessé d’être humains avant d’être performants ?
Ce geste, évidemment, n’était pas dans le plan de jeu. Aucun entraîneur ne l’enseigne. Aucun agent ne le facture. Pourtant, c’est peut-être là que Mendy a réalisé son plus bel arrêt : arrêter la brutalité de l’habitude, arrêter la froideur du protocole, arrêter cette idée absurde selon laquelle un joueur doit rester figé pendant qu’un enfant tremble à côté de lui.
Qu’on ne s’y trompe pas : ce n’est pas un exploit héroïque au sens hollywoodien. C’est bien mieux. C’est une décence spontanée, presque subversive à l’ère du cynisme. Un acte qui rappelle que l’Afrique qu’incarne Mendy n’est pas seulement celle des talents exportés, mais aussi celle des valeurs transmises sans discours. La Teranga, ce mot galvaudé par les slogans, a trouvé là une traduction concrète : partager ce que l’on a, même une simple serviette, même sous les projecteurs.
Pendant que certains footballeurs s’agenouillent uniquement quand les caméras sont bien placées, Édouard Mendy s’est penché, naturellement. Sans bruit. Sans communiqué. Et c’est peut-être pour cela que le geste résonne encore plus fort que les hymnes eux-mêmes.
Oui, magnifions ce moment. Non pas pour en faire une légende artificielle, mais pour rappeler une évidence trop souvent oubliée : la grandeur ne se mesure pas toujours en trophées. Parfois, elle tient dans un carré de tissu levé contre la pluie.
Par Malick BA


