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Diendéré sur la chute Kaboré : «Je n’ai pas été surpris... Je connais Damiba car il était sous mes ordres au RSP. »

Lundi 23 Mai 2022

Diendéré sur la chute Kaboré : «Je n’ai pas été surpris... Je connais Damiba car il était sous mes ordres au RSP. »
Arrêté après sa tentative de putsch contre les autorités de transition, en 2015, il avait déjà été condamné en 2019 à vingt ans de prison pour « attentat à la sûreté de l’État » et « meurtre ». Interviewé par nos confrères de "Jeune Afrique", l’intéressé conteste le verdict. « Je n’ai jamais été l’instigateur de ce putsch. J’ai juste voulu sauver la situation et prévenir le démantèlement du RSP [le régiment de sécurité présidentielle, ancienne garde prétorienne de Compaoré dont il était le chef emblématique], car je voyais bien que nous étions sur une pente glissante en matière d’insécurité. Mais je n’ai pas été compris et j’ai laissé tomber, alors que j’aurais pu tout faire pour rester. »

Sous la double pression de la rue et de la frange loyaliste de l’armée, Diendéré avait effectivement rendu le pouvoir (en s’excusant), une semaine après l’avoir pris par la force ce qui vaudra à cet épisode de rester dans l’histoire comme le « coup d’État le plus bête du monde ». Le RSP, considéré comme une unité d’élite mais symbole honni de l’ancien régime, sera, lui, dissous.


Sept ans plus tard, le scénario se répète avec d’autres acteurs. Cette fois, le putsch est un succès. Roch Marc Christian Kaboré, tout juste réélu pour un second mandat mais critiqué de toutes parts pour son incapacité à enrayer la crise sécuritaire, est renversé le 23 janvier 2022 par l’armée. « Je n’ai pas été surpris, raconte Diendéré. Tout le monde voyait venir ce coup. La situation n’a fait que pourrir au fil des ans. Les populations étaient mécontentes et les troupes démoralisées. Kaboré a fait ce qu’il a pu. Malheureusement, il a manqué de courage et n’a pas pris les bonnes décisions. »

À la tête des putschistes, un lieutenant-colonel : Paul-Henri Sandaogo Damiba. Ce quadra respecté de ses frères d’armes, qui a passé les dernières années sur le terrain face aux groupes jihadistes, est bien connu de Diendéré. Et pour cause : de 2003 à 2011, il a été commandant de compagnie au RSP. Suffisant pour que certains voient la main de « Golf », ainsi que le surnomment les Burkinabè, derrière ce nouveau coup d’État. « Je connais Damiba car il était sous mes ordres au RSP. Mais je n’ai rien à voir avec ce putsch, clame-t-il. Il n’est pas étonnant que ce soit lui qui en ait pris la tête : c’est un meneur d’hommes. De tous les officiers de sa génération, c’est l’un des plus appréciés de la troupe. »

Désormais président, Damiba est attendu au tournant. S’il a pris le pouvoir, a-t-il expliqué, c’est pour régler une crise sécuritaire qui n’a que trop duré. Son aîné partage ce constat. « Il faut en faire beaucoup plus qu’actuellement : utiliser davantage de ressources humaines et matérielles, mais aussi rassembler et réconcilier les populations. On ne gagne pas une guerre en étant désuni », estime celui qui, pendant longtemps, a été l’artisan de la stratégie antiterroriste – essentiellement faite de négociations avec les groupes jihadistes – de Blaise Compaoré.

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L’espoir d’une amnistie
De là à plaider pour une amnistie ou une grâce de l’ancien président, il n’y a qu’un pas. Comme tous les pontes de son régime, Diendéré souhaite son retour au Burkina Faso dès que possible, au nom de la « réconciliation nationale ». « Avec son expérience, il peut apaiser certaines tensions et aider le pays dans sa lutte contre le terrorisme », estime-t-il.

Et lui alors ? Certains ne veulent pas entendre parler de la libération de ce faucon de l’ère Compaoré. D’autres estiment qu’il serait plus utile sur le front plutôt qu’en train de croupir à la Maca. « Je ne dirai évidemment pas non à une amnistie, même si j’aurais préféré que la vraie justice soit rendue, indique le général. Si je sors d’ici, je me remettrai évidemment à la disposition de mon pays, comme je l’ai toujours fait. C’est un devoir pour moi. Je demeure un militaire. »

Au bout d’une trentaine de minutes, l’heure est venue de céder la place sous le manguier. Toujours comme s’il était chez lui, Gilbert Diendéré raccompagne sur quelques pas dans la cour de sa prison. Et lance : « À la prochaine, en espérant que ce soit ailleurs. »

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