Crimes sexuels : une fillette de 13 ans "vendue" à 10.000 FCFA par ses cousines

Jeudi 4 Février 2021

Dix-huit (18) personnes, 16 hommes, dont un vieux de 77 ans, et deux dames, séjournent depuis avant-hier mardi, au commissariat d’arrondissement de l’Île de Saint-Louis pour divers délits. Les mis en cause sont poursuivis pour viols répétitifs, détournement de mineure, pédophilie et proxénétisme (contre les dames). La victime, une mineure de 13 ans, avait été transformée en objet sexuel à la portée de toutes les bourses.

Une affaire de mœurs, portant viols répétés sur une mineure de 13 ans, indigne depuis avant-hier mardi, les habitants de la commune de Saint-Louis. La singularité de cette histoire qui a révulsé plus d’une âme sensible, porte principalement sur la minorité de la victime, S.K. (13 ans), qui n’a pas été gâtée par Dame Nature. N’étant sous l’autorité d’aucun de ses deux parents, la petite S.K, laissée à elle-même, va faire ses humanités dans la rue qui l’a formatée et fait d’elle un objet sexuel convoité par de présumés prédateurs sexuels qui vont guetter ses moindres mouvements. Ces derniers, ayant un penchant prononcé pour les mineures, vont bénéficier de la complicité de deux présumées proxénètes : C.Mb. et F.Mb., qui se trouve être des cousines de la victime. La mésaventure de la frêle S.K, qui s’est étalée sur plus d’une année, a pris fin avant-hier mardi, avec l’interpellation provisoire de 18 mis en cause, placés en garde à vue au commissariat de police de l’Île de Saint-Louis.


Le vieux Johny, 77 ans, un habitué des faits ?
L’éclatement de cette affaire est parti d’une dénonciation exploitée par les limiers du commissariat de police de l’Île de Saint-Louis. A l’analyse de la gravité des faits, quasiment l’essentiel des éléments de la Brigade de recherches sont réquisitionnés pour élucider cette histoire qui tient en haleine la capitale du Nord. Entrés en action avant-hier mardi, les hommes du Commissaire Mame D. Faye mettront le grappin sur une dizaine de suspects, interpellés à divers endroits, dont les marchés de Sor et de Ndar-Tout. Les investigations poursuivies hier mercredi vont porter la liste d’interpellés à 18 personnes.

Il s’agit de 16 hommes arrêtés pour viols répétitifs, détournement de mineure, pédophilie, et de deux dames placées en garde à vue pour proxénétisme. La suite des investigations a permis de cerner la tranche d’âge des mis en cause. «Le plus jeune est âgé de 20 ans, alors que le doyen de la bande est âgé de 77 ans. Répondant sous le sobriquet de Johnny B., ce septuagénaire est dépeint comme étant un habitué des faits. Il aurait déjà fait l’objet de deux accusations similaires. L’une portant viol commis sur sa propre fille et l’autre de viol commis sur sa domestique. Des accusations que Johny a réfuté, parlant de cabale et d’accusations sans fondement. Loquace, il a articulé le même système de défense dans cette présente procédure. Il sera contredit par la victime S.K. qui a explicité comment elle a été abordée par Johny. «En allant étudier au centre de redressement «La Maison de la gare», je passais souvent devant l’école privée où il enseigne. C’est ainsi qu’il m’a abordée pour la première fois», souligne, S.K. qui va décrire l’endroit où elle aurait été abusée plusieurs fois par Johny. Une descriptions authentifiée par les limiers. En réponse à cette allégation, le vieux Johny avouera sans conviction, dispenser des cours dans une école privée à Saint-Louis.  


Ces deux cousines encaissaient jusqu’à 10 000 FCfa, la passe et remettait environ 500 FCfa à S.K.
Quid des deux dames, placées en garde à vue pour proxénétismes ? Répondant aux noms de, C.Mb. et F.Mb, elles s’attelaient, selon nos interlocuteurs, à se sucrer sur le dos de la mineure, en cherchant des clients (commerçants, marchands ambulants, conducteurs de charrettes, vendeurs de friperie, de lait caillée…), prêts à casquer pour une partie de jambes en l’air avec la victime. Ce que confirmera S.K. aux policiers de l’Île en révélant que ses deux cousines, C.Mb. et F.Mb. percevaient 10 000 FCfa, voire plus, pour chaque passe et qu’elles lui remettait de modiques sommes allant de 100 à 500 FCfa. 


«Certains ont abusé de moi dans leur boutique, d’autres m’ont entraînée dans les toilettes du marché…»
A force de s’enliser dans ce bourbier infecté de présumés prédateurs sexuels évoluant, pour la plus part, au marché de Sor, de Ndar-Tout, la petite S.K. va se tisser une réputation de «guélou nieup» (fille facile, ndlr), «Certains ont abusé de moi dans leur boutique, d’autres m’ont entraînée dans les toilettes du marché…, d’autres encore ont filmé nos ébats sexuels avec leur téléphone portable», jure-t-elle. De bouche à oreille, cette rumeur va faire le tour des coins interlopes, au grand bonheur de noctambules «vicieux» qui, à des heures indues, vont investir les lieux de fréquentation connus de la fugueuse. Plus d’une fois, S.K. sera abordée et conduite à la plage enclavée de Salsal (frontière mauritanienne), où elle subit à souhait les assauts répétés de gaillards, moyennant des sommes dérisoires.  


La police aux trousses de plusieurs autres suspects 
L’enquête a permis de savoir que des 18 personnes arrêtées, seules 4 sont célibataires. S.K. qui porte les séquelles de ces multiples ébats sexuels (elle boitille d’une jambe), a été conduite en consultation auprès d’un gynécologue qui conclu à «une perte ancienne de l’hymen». Les enquêteurs qui poursuivent leurs investigations, sont aux trousses de plusieurs autres suspects dénoncés et formellement identifiés par la victime.



S. K, un destin brisé à la naissance
Pour cerner les contours de cette affaire, un coup de projecteur sur la vie de la petite S. K. s’impose. Elle est issue d’une famille démunie. Sa maman, aujourd’hui âgée de 30 ans, n’a jamais été mariée. Elle est pourtant mère de 6 enfants (dont S. K.), tous de pères différents. Lorsque naissait la jeune S. K, sa mère avait à peine 17 ans. Elle va quasiment s’occuper toute seule de l’éducation de S. K. qui ne connaîtra pas son père qui «serait un émigré sénégalais vivant en Italie). 


La maman qui peinait à joindre les deux bouts, n’aura pas les moyens d’entretenir ses six enfants, tous mineurs. La petite S.K. sera confiée à une de ses tantes vivant au quartier Santhiaba de Saint-Louis. Son séjour dans ce quartier sera écourté par sa mère, contrainte de la récupérer. Déjà teigneuse, elle va échapper à la surveillance de sa mère et épouser de nouvelles pratiques peu orthodoxes au contact de clients d’un petit commerce qu’elle exerçait dans les rues de Saint-Louis. Elle prend goût à l’argent facile et entame une série de fugues qui la perdra. La suite se passe de commentaires.

L'Observateur
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