Crash du vol Egyptair: Le personnel d’Air France redoute de plus en plus de se rendre en Afrique

Samedi 21 Mai 2016

Il y a deux ans, c’était pour une escale à Conakry (Guinée) en raison de l’épidémie d’Ebola. Désormais, ce n’est plus pour des raisons sanitaires que le personnel navigant d’Air France (hôtesses et stewards) demande à exercer son droit de retrait sur des liaisons avec l'Afrique. Mais bien en raison du risque terroriste.

« Depuis le mois d’octobre, nous assistons à une augmentation des demandes de droit de retrait, assure Elodie Chevreux-Hanafi, hôtesse et juriste pour le Syndicat national du personnel navigant commercial (SNPNC). Nous avons recensé 209 demandes émanant de certains des 13.000 salariés. »
Pour le syndicat, l’Afrique présente un « danger grave et imminent »
Sans surprise, ce sont les villes en Afrique desservies par Air France qui affichent, aux yeux du personnel, le plus de risques actuellement. « Pour nous, toutes les escales africaines présentent ce que l’on appelle un ‘’danger grave et imminent’’ », poursuit la syndicaliste. Soit une quarantaine de villes sur les 130 destinations long-courriers de la compagnie française.

Sans parler de début de psychose, le SNPNC indique que l’attaque de l’hôtel Radisson Blue de Bamako (Mali) en novembre 2015 a eu un gros impact sur les consciences du personnel navigant. A l’époque des faits, plusieurs sources ont assuré que l’équipage Air France, en escale dans cet hôtel, était spécifiquement visé par les terroristes. « Une rumeur » que la direction d’Air France a « formellement démentie ».

« Le droit de retrait est inscrit dans le droit du travail, indique la direction d’Air France contactée par 20 Minutes. Aussi, chaque demande est étudiée au cas par cas. » Refusant de dévoiler le moindre chiffre sur les droits de retrait demandés ou les escales problématiques, la direction rappelle, toutefois, que le personnel navigant a désormais le droit de « boycotter » les vols vers Téhéran s’il ne souhaite pas porter la tenue religieuse iranienne comprenant le voile pour les femmes.


Pour les autres destinations, le dialogue est beaucoup plus compliqué, d’après le SNPNC. « A chaque fois qu’un salarié exerce son droit de retrait sur une autre destination, on lui ponctionne un trentième de son salaire, soit un jour de travail », assure Elodie Chevreux-Hanafi. Concernée par ce sujet pour avoir récemment refusé d’assurer un vol vers Beyrouth (Liban), l’hôtesse a décidé de saisir le conseil des prud’hommes de Bobigny (Seine-Saint-Denis) à ce sujet. L’audience doit se tenir le 27 juin.
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