Le classement 2025 des villes africaines les plus propres, dominé une nouvelle fois par Kigali et Rabat, met en lumière une réalité frappante : l’absence de Kinshasa du palmarès. Une omission lourde de sens pour l’une des plus grandes métropoles du continent, qui contraste avec les performances de plusieurs capitales africaines ayant investi durablement dans l’assainissement, la gouvernance urbaine et l’éducation citoyenne.
En tête du classement, Kigali conserve sa première place, suivie de Rabat, confirmant la constance des modèles rwandais et marocain en matière de propreté et de gestion urbaine. Derrière, Cotonou crée la surprise en s’installant à la troisième place, illustrant les effets positifs d’une politique municipale structurée et volontariste.
L’édition 2025 du classement s’appuie sur une méthodologie renforcée. Le nombre de personnes interrogées est passé de 1 918 en 2024 à 7 877 cette année, avec une évolution majeure : le panel est désormais composé majoritairement de résidents permanents des villes concernées, grâce à la collaboration avec Sagaci Research. Ce changement a eu des répercussions notables, notamment en Afrique du Sud, où les habitants se montrent plus sévères dans leur appréciation.
Ainsi, Le Cap recule de la 5ᵉ à la 9ᵉ place, tandis que Johannesburg chute lourdement, passant de la 7ᵉ à la 29ᵉ position. Même tendance pour Accra, Alexandrie, Lusaka ou encore Lomé, toutes en net recul. À l’inverse, certaines villes tirent leur épingle du jeu, à l’image d’Abuja et de Lagos, qui gagnent respectivement huit et six places.
Kinshasa à l’écart, un malaise urbain persistant
Dans ce contexte, l’absence de Kinshasa apparaît comme le symptôme d’un malaise urbain profond. Malgré son poids démographique, politique et économique, la capitale congolaise peine à répondre aux standards requis en matière de propreté et de gouvernance urbaine. Une situation que le président Félix-Antoine Tshisekedi n’élude plus.
S’exprimant récemment devant le Congrès, le Chef de l’État a ouvertement critiqué la gestion de la capitale et justifié ses décisions politiques par la nécessité d’un changement de cap : « La capitale ne peut continuer à grandir sans une planification et un pilotage à la hauteur de son poids démographique et économique. »
Cette déclaration marque un tournant dans le discours présidentiel et souligne l’urgence d’une gouvernance plus stratégique pour Kinshasa, longtemps confrontée à des problèmes structurels d’assainissement, d’urbanisation anarchique et de services publics défaillants.
Gouvernance urbaine, clé du classement
Le classement rappelle une évidence : la propreté d’une ville ne relève pas du hasard. Elle est le fruit d’investissements soutenus, d’une gouvernance efficace, de politiques de sensibilisation citoyenne et, parfois, de mesures coercitives. Kigali, Rabat ou encore Cotonou en offrent des exemples concrets.
Pour Kinshasa, le défi reste immense. Mais les signaux politiques envoyés par le sommet de l’État pourraient ouvrir la voie à une refonte profonde de la gestion de la capitale. Rendez-vous est déjà pris pour les prochaines éditions, où la mégapole congolaise sera attendue au tournant.
Un changement de profil qui a eu des répercussions sensibles, notamment pour les villes sud-africaines, dont les résidents ont un avis beaucoup plus sévère vis-à-vis de leur ville que celui de notre communauté. Le Cap perd ainsi 4 places, passant de la 5e à la 9e place, et, surtout, Johannesburg dégringole, en chutant de la 7e à la 29e place.
Le même constat peut être fait pour les résidents d’Accra, qui tombe de la 10e à la 24e place, d’Alexandrie (de la 3e à la 12e place), de Lusaka (de la 12e à la 26e place) ou encore de Lomé (de la 16e à la 25e place). Assez peu de villes, en revanche, font le chemin inverse, principalement du fait que six nouvelles métropoles entrent dans le classement, dont certaines placées très haut, comme les marocaines Tanger (4e) et Marrakech (5e). Il faut toutefois noter deux exceptions notables, toutes les deux au Nigeria : Abuja gagne huit places, de la 14e à la 6e position, et Lagos six, passant de la 27e à la 21e position.
Cotonou fait son trou
Pour toutes les autres villes, les positions sont sensiblement les mêmes et respectent une réalité : la propreté d’une municipalité est le résultat de multiples actions, souvent assez longues à mettre en œuvre, qu’ils s’agissent d’investissements dans l’assainissement, de l’installation d’une gouvernance dédiée et efficace, de programmes d’éducation de la population voire de l’application d’une politique de répression. Un cocktail dont Cotonou semble avoir la recette puisque la capitale économique du Bénin, 6e l’an passé, apparaît désormais comme troisième ville la plus propre d’Afrique. Rendez-vous l’an prochain.
Classement 2025 des villes africaines les plus propres : Kinshasa hors liste, Tshisekedi fustige les autorités locales
Samedi 13 Décembre 2025
Jeune Afrique
exclusif net
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