Cheikh Bâ met en garde : « Convoquer des magistrats, c’est franchir une ligne rouge »

Dimanche 16 Novembre 2025

Le débat autour du nouveau Règlement intérieur de l’Assemblée nationale vient de franchir un cap sensible. Derrière les innovations annoncées pour renforcer le contrôle parlementaire, un article fait grincer des dents et ravive une vieille inquiétude : celle d’une remise en cause de la séparation des pouvoirs.

Au cœur de la controverse, l’article 56. Ce dernier autorise les commissions d’enquête parlementaire à convoquer des magistrats en exercice — une possibilité encadrée par l’accord du ministre de la Justice, mais jugée inacceptable par le corps judiciaire.

Invité de l’émission « Point de vue » sur la RTS, le président de l’Union des Magistrats Sénégalais, Cheikh Bâ, a lancé une mise en garde sans détour. Pour lui, permettre à des députés d’entendre des magistrats est un « franchissement de ligne rouge ».
« C’est pour leur dire quoi ? Où est la séparation des pouvoirs ? Comment allons-nous faire correctement notre travail ? » a-t-il martelé, refusant toute intrusion du législatif dans l’indépendance de la justice.

Cheikh Bâ rappelle que la magistrature n’intervient pas dans les prérogatives des autres institutions et qu’elle entend rester ferme sur ce principe. À ses yeux, toucher à l’autonomie du pouvoir judiciaire reviendrait à fragiliser l’État de droit lui-même. Et de prévenir : « Si on affaiblit la magistrature, on expose le Sénégal à des lendemains inconnus. »
Dans la même rubrique :