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Casamance : Sœur Marie Noël Tendeng soutient la première thèse sur les traumatismes psychiques du conflit

Mardi 23 Décembre 2025

Longtemps ignorées par la recherche scientifique, les souffrances psychiques liées au conflit en Casamance trouvent enfin un espace d’analyse rigoureux. À travers son travail doctoral, Sœur Marie Noël Tendeng apporte une contribution inédite à la littérature académique sénégalaise en explorant un champ jusque-là resté en marge : celui des traumatismes mentaux subis par les personnes exposées aux violences armées.

Intitulée « Prise en charge psychologique des traumatismes psychiques des personnes, auteurs, témoins ou victimes de violences dans le conflit en Casamance », cette thèse constitue la première étude systématique consacrée aux répercussions psychiques d’un conflit qui déchire la région depuis plus de quarante ans. Jusqu’ici, les travaux se concentraient principalement sur les dimensions historiques, politiques ou militaires de la crise opposant l’armée nationale au Mouvement des forces démocratiques de Casamance, laissant dans l’ombre les blessures invisibles des survivants.

« J'ai considéré qu'il y avait lieu d'envisager un autre aspect de cette situation, celui de saisir les rétentions psychologiques des atrocités subies afin de proposer un protocole de prise en charge adaptée », explique la chercheuse. Pour ce faire, elle a adopté une approche qualitative et inductive, circonscrivant son terrain d’écoute à la région de Ziguinchor. Son objectif était de recueillir des récits de vie afin « d’accompagner l’élaboration mentale de ces vécus douloureux et ainsi permettre aux rescapés de penser et panser leurs blessures intimes ».

Au fil de l’enquête, un constat s’impose. « Ma motivation profonde consistait à démontrer que des populations entières souffraient en silence et nécessitaient un accompagnement pour guérir de l'intérieur », confie la nouvelle docteure. Les résultats mettent en évidence des séquelles durables, marquées par l’apparition du syndrome psychotraumatique chronique chez de nombreuses personnes exposées aux violences.

Au terme de ses recherches, Sœur Marie Noël Tendeng a élaboré un protocole de soins, expérimenté en deux lieux : au siège de l’association des victimes de mines antipersonnel et au sein de l’ONG Génération Non Violente. Cette orientation thérapeutique trouve son origine dans un événement déclencheur survenu en octobre 2019, lorsque cette ONG avait sollicité son expertise dans le cadre d’un projet de consolidation de la paix par des méthodes non violentes. Une expérience qui a nourri une interrogation centrale : comment témoins, auteurs ou victimes de violences armées parviennent-ils à survivre sans sombrer sous le poids de leurs traumatismes intérieurs ?

Religieuse de la Congrégation des Sœurs de Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur, la psychologue clinicienne s’appuie sur un parcours académique et professionnel dense, mêlant formation en France, pratique clinique au Sénégal et enseignement universitaire. Aujourd’hui encore, elle conjugue activité psychiatrique et transmission du savoir, tout en poursuivant son engagement pastoral et social.

« Je suis heureux d'avoir mené cette enquête scientifique à son terme. Toutefois, ma satisfaction sera complète lorsque je parviendrai à transposer ces conclusions dans ma pratique quotidienne », souligne-t-elle. Plus largement, elle interpelle les pouvoirs publics : « Mon combat se poursuit pour garantir à ces communautés meurtries l'accès à un soutien thérapeutique de qualité. J'appelle les autorités sénégalaises à affecter des psychologues formés auprès de ces populations oubliées ».

Dans un message empreint de compassion, Sœur Marie Noël Tendeng dédie enfin ses travaux aux victimes : « Je dédie mes recherches à toutes les personnes touchées de près ou de loin par les atrocités liées à cette crise… Vous n'êtes pas seuls, nous marchons à vos côtés ».


Le 19 décembre 2025, à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sœur Marie Noël Tendeng a soutenu avec succès une thèse de doctorat pionnière consacrée aux traumatismes psychologiques liés au conflit en Casamance. Fruit de six années de recherches menées à Ziguinchor, ce travail dirigé par le professeur Oumar Barry  a obtenu la mention très honorable avec félicitations du jury, renseigne le site 

. Lire la suite https://ucs.sn/news/HctLG7mgyamdEaoEnGoV


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