Bathily: «Le syndicaliste alimentaire a remporté aujourd’hui le grand combat sur le développement social»

Lundi 14 Décembre 2020

Le Professeur Abdoulaye Bathily ancien patron de la Ligue Démocratique(LD) s'est prononcé sur la situation politique et sociale du Sénégal. Dans un entretien accordé à nos confrères de l'AS, il déplore le manque de combativité des partis politiques et des centrales syndicales. 

Malheureusement, s’émeut-il, les forces progressistes qui ont mené les alternances vers les années 90 sont aujourd’hui en déclin. «Le carriérisme individuel a pris le dessus sur les principes autour desquels les mouvements progressistes se battaient. Même dans les coalitions au pouvoir actuel, on constate que les groupes libéraux détiennent la majorité et les progressistes ont renoncé à leur devoir de critique par rapport aux politiques en cours», se désole Abdoulaye Bathily. Il ajoute que les syndicalistes ont également subi le même sort. «Le syndicaliste alimentaire qui a remporté aujourd’hui le grand combat sur le développement social». Par ailleurs, l’ancien ministre de l’Environnement a dénoncé le phénomène d’accaparement des terres de la population rurale au profit des promoteurs étrangers. «C’est une situation inquiétante, car aujourd’hui, ce sont des milliers d’hectares de terres qui sont donnés à des promoteurs étrangers. Les paysans ruraux sont dépossédés de leurs moyens d’existence et cela va accroître la dépendance de nos pays», s’indigne t-il.

"La Zlecaf risque de donner lieu à un nouveau partage de Berlin entre les grandes puissances"

Une profonde réflexion sur la Zone de Libre-Echange Continental Africaine (Zlecaf) s’impose, aux yeux du Pr Abdoulaye Bathily, afin d’imprégner les populations sur la question. «Les chefs d’Etat vont dans des réunions et décident de tous sans aucun débat dans les parlements, sans que personne ne sache le contenu de ces accords», déplore-t-il. Et de prévenir que si on n’y prend garde, la Zlecaf risque de donner lieu à un nouveau partage de Berlin entre les grandes puissances qui vont chacune mettre son nez dans cet accord entre pays africains. «Et ce sera une nouvelle forme de dépendance», fulmine le Professeur Bathily Abordant la question de la suppression de la dette, il estime que celle-ci n’a servi qu’à l’asservissement de la population. «Je suis d’accord qu’on supprime la dette, mais s’il faut supprimer pour prendre de nouveau les mêmes dettes et dans les même conditions, cela n’a aucun sens», tranche-t-il.
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