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Tentative de coup d’État manquée au Mali : la liste des personnalités placées sous mandat de dépôt

Mercredi 18 Mai 2022

La junte malienne a-t-elle été l’objet d’une tentative de putsch dans la nuit du 11 au 12 mai ? De plus en plus de voix doutent de la version officielle et estiment qu’il pourrait s’agir d’un prétexte pour mener une purge dans l’armée, avec pour cible Malick Diaw.


Un « dessein malsain », visant à « briser la dynamique de la refondation du Mali ». C’est ainsi que le gouvernement décrit, dans un communiqué daté du 16 mai, la tentative de coup d’État qu’il assure avoir déjouée dans la nuit du 11 au 12 mai 2022.

Alors qu’elles ont renforcé les contrôles aux sorties de Bamako ainsi qu’aux frontières, les autorités ont annoncé l’interpellation de plusieurs individus. Elles affirment avoir placé sept personnes sous mandat de dépôt.

Purge au sein de l’armée ? 
Selon le gouvernement, les putschistes auraient bénéficié du soutien « d’un État occidental », que le communiqué ne nomme pas. Il fait toutefois peu de doutes que la France, régulièrement accusée par Bamako d’œuvrer à la partition du Mali, est visée. « Nous ne sommes évidemment pas derrière cela », balaie une source officielle française, qui met en doute la version des événements présentée par les autorités maliennes. « Il ne s’est pas passé grand-chose. Tout ça laisse penser à une purge au sein de l’armée », assure notre interlocuteur.


Comme lui, de nombreux observateurs voient là une manière de vider les rangs militaires de leurs voix dissidentes. Notamment celles qui ont manifesté leur désaccord face aux nouveaux partenariats scellés par Bamako. En effet, après des mois d’invectives ouvertes avec Paris, les autorités maliennes ont rompu leur coopération avec la France pour se rapprocher de la Russie – en faisant notamment appel aux mercenaires de la nébuleuse Wagner.

Déjà régulièrement accusés d’exactions dans le centre et le nord du pays, ces mercenaires, présents au Mali depuis fin 2021, ne sont pas vus d’un bon œil par l’ensemble des militaires maliens. « Les autorités ont trouvé un bon prétexte pour mettre à l’écart ceux qui n’approuvent pas ou ne soutiennent pas la junte et ses choix stratégiques. Il y a des voix discordantes dans l’armée », estime notre source française, qui voit dans cette tentative de putsch présumée la preuve de la « paranoïa exacerbée qui règne au sein de la junte ».

Liste de noms
Parmi les gradés placés sous mandat de dépôt pour « atteinte à la sûreté intérieure de l’État » et « tentative de déstabilisation », un nom a particulièrement retenu l’attention : celui du colonel Amadou Keïta. Passé par le prytanée militaire de Kati et l’Académie militaire de Koulikoro, comme un certain Assimi Goïta, président de la transition, l’officier, issu du génie militaire, est un membre du Conseil national de transition (CNT), l’organe parlementaire. Rapporteur de la commission défense du CNT, le colonel Keïta est réputé proche de Malick Diaw, président de l’institution législative qui fut l’un des principaux tombeurs d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) en août 2020.

Le nom de Baba Ahmed Ag Ahmeida, dit Bahadou, membre de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), s’est également retrouvé associé à l’affaire, figurant sur la liste mentionnée plus haut. De source militaire, ce Touareg et le Colonel Amadou Keïta se connaîtraient. Une information que ne confirme pas la CMA. Selon un cadre de la coordination, Baba Ahmed aurait été interpellé à l’aéroport de Bamako le 7 mai, soit quatre jours avant les faits présumés.


« Depuis [nous avons] entamés une approche de saisine politique pour permettre un dénouement de ce qui pourrait être une incompréhension », a publié Attaye Ag Mohamed, cadre de la CMA, sur les réseaux sociaux le 17 mai, dénonçant des « interpellations qui ne servent qu’à détériorer le faible climat de confiance existant entre les parties ». Selon un autre cadre de la Coordination, interrogé par Jeune Afrique, « l’arrestation d’Ag Ahmeida n’a rien à voir avec cette affaire de coup d’État » et son nom n’aurait été associé à l’affaire uniquement par confusion, suite au signalement de son interpellation sur les réseaux sociaux.

Proches de Malick Diaw
Pour ceux qui doutent du récit officiel, la véritable cible de cette opération pourrait être le président du CNT lui-même. Selon plusieurs sources, les vues de Malick Diaw divergent stratégiquement de celles des autres colonels auteurs des putschs d’août 2020 et mai 2021, plus volontiers russophiles. « Il est également le seul qui, selon les textes, peut se présenter à la prochaine élection présidentielle. Et le seul qui affiche une certaine ambition politique et qui communique volontiers », ajoute une source diplomatique française. De quoi pousser ses anciens frères d’armes à l’écarter ?

Malick Diaw et Amadou Keïta se connaissent d’ailleurs de longue date. Les deux militaires sont des habitués des coups d’État. En 2012, tous deux se tenaient auprès du capitaine Amadou Haya Sanogo, le tombeur d’Amadou Toumani Touré. Aux côtés de Diaw et de ses camarades, le colonel Amadou Keïta a, huit ans plus tard, pris part au renversement d’IBK par le Comité national pour le salut du peuple (CNSP).

Un autre militaire lié au putsch de 2012 compte au nombre des personnes arrêtées : le lieutenant Moussa Kodio, du régiment blindé de Kati.


Les autorités ont-elles voulu se débarrasser d’un potentiel rival ? « Tout cela relève de conjectures non documentées », met en garde l’ancien ministre Konimba Sidibé. « Personne ne peut dire s’il s’agit d’une purge ou non. Ce qui est indéniable en revanche, c’est que cela révèle une certaine fébrilité au Mali, qu’il faut prendre très au sérieux. S’il est avéré qu’un coup d’État a été tenté, c’est que la stabilité du pays reste fragile. Seul un dialogue direct entre le président de la transition, la classe politique et les forces vives de la nation peut circonscrire ce genre de risques dont le Mali n’a pas besoin. Un coup d’État dans le contexte actuel ne ferait qu’ajouter de la fragilité à la fragilité », estime ce membre du M5-RFP.


Jeune Afrique 
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