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Sénégal mon pays : en attendant la justice (Par Mamadou Lamine Ba)

Mercredi 19 Juillet 2017


Samedi. Ça me dit. Ça vous dit forcément. Tout dépend de l’entendement que l’on a et de l’usage que l’on veut faire de cet évènement douloureux. Car au-delà des familles, des proches, des amis et collègues des victimes, ce drame national a touché tout le monde. Moi, y compris. D’où le devoir de me regarder, dans la glace, avec courage et volonté, de me remettre en cause, de me corriger, de me reconsidérer, afin que des situations pareilles, soient moins douloureuse, parce que je suis convaincu, que celle-ci ne sera pas l’avant-dernière.
 
Dans un pays, dit « républicain », dirigé par un républicain, où tout le monde peut se permettre de se comporter comme bon il/elle l’entend, parce que tout simplement, on est sûr que, après, il n’y aura rien. Juste une convocation de la volonté divine. Volonté avons-nous dit. Si nous sommes des « représentants de Dieu » sur cette Terre-Sénégal, alors nous incarnons un de Ses attributs. La Volonté. C’est grâce à elle qu’Il nous a créés. Qu’en faisons-nous,-nous ?
On a connu l’affaire le Joola. Jamais il n’y a eu de responsable. Une semaine a suffi pour que les passagers surchargent les moyens de transports terrestres sous les yeux des policiers prompts à croquer une contravention à la vue d’un billet de deux mille francs. L’on se demande si, effectivement, ils maintiennent l’ordre ou instaurent le désordre. Comment comprendre que, des agents supposés assurer la sécurité des citoyens, lancent aux supporters de Mbour de grenades lacrymogènes, assaillis depuis des minutes, sous le regard des policiers, par ceux de Ouakam ? Les images sont assez claires pour qu’on ne s’y attarde pas.
 
Les Forces dits de l’ordre. Parlons-en. Ils sont, pas tous, d’une insolence qui suscite la révolte. Ils ne savent pas aborder. C’est trop luxueux pour certains d’entre eux. Ils ont un langage ordurier d’une violence insupportable. « Dégagez », « foutez-le camp », etc…C’est leur plus beau vocabulaire. L’on se demande alors qui est recruté, comment il/elle a été recruté. Car on a l’impression que ces gens ont été recrutés contre et non au service du peuple. On s’interroge sur le profil socio intellectuel de ces agents qui agissent contre la sécurité. On s’interroge sur le contenu de leur formation tellement le service d’ordre est d’un désordre qui nous asservisse.
 
Abdoul Mbaye et sa caravane ont été attaqués à Matam par des partisans du parti et de la coalition au pouvoir, sans suite. Abdoulaye Baldé a subi le même sort à Ourossogui. Pour rappel, Idrissa Seck a frôlé la mort juste pour avoir emprunté une route qui passe devant le domicile de M. Bethio Thioune. Aida Mbodj  a vécu la même violence à Fatick. La coalition Bby, par contre, a bénéficié de la Police Nationale, à la Médina, ce que la Loi interdit.


Le message est que, les « politiciens professionnels » ont une vie plus valeureuse que les citoyens d’une autre « profession » et les supporters de Mbour et de Ouakam, encore que la finale est nationale.
Justice. Je me demande si on en a dans ce pays. Plutôt, sommes-nous prêts pour la justice ?  Le procureur de la république ne s’autosaisit que quand quelqu’un adresse un propos que lui juge désobligeant au tout puissant Chef de l’Etat, ou quand on critique les magistrats. Il y a tellement de faits scandaleux et répréhensibles que les citer est ridicule. Mais le procureur préfère les ignorer que de faire son travail. Qui peut me faire croire que notre justice n’est pas sous ordre ? J’attends ses arguments.
 
Quand un semblant de justice se déclenche, c’est un Marabout qui intervient dans toutes les affaires de la république, qui réclame avec notre complicité, une Clémence. Une clémence qui n’est accessible qu’aux élites, capables de donner de millions en « haddiya ». Les pauvres maraudeurs de bananes ou  de poules, tout aussi condamnables, ne voient jamais le bout du tunnel, en témoigne la révolte de Reubeuss.
 
Il n’est pas exagéré de considérer que notre système judiciaire est bridé. Pas moins de constater que l’Autorité est « réduite à sa simple expression ». Pis, quand la Rts préfère parler d’autres choses pendant que tous les médias sérieux du pays déroulent des « Editions Spéciales ». La fameuse Rts, « un service public », sert les sénégalais de versets coraniques le matin du dimanche, jadis consacré à l’Eglise. Elle nous invite, implicitement, de retourner vers le Seigneur. Comme si on l’avait tourné le dos pour que ce qui est arrivé se produise: Allah n’est pas si irresponsable.

Dans un pays ou l’absence de discipline (dans les partis politiques, dans les quartiers, dans la rue, dans les mosquées, dans les églises, dans les cimetières, etc…Quand l’Ordre est affaissé, la culture de violence (sonore, morale, culturelle, etc…) est prisée grâce à l’absence de sanctions. Quand la « reddition » ne s’effectue que dans les « comptes bancaires » des personnes dument choisies pour la persécution et non dans les comptes moraux, philosophiques, etc…


Quand dans le choix des sénégalais susceptibles d’assurer la sécurité des citoyens, on met en avant l’Aptitude physique et non morale ou intellectuelle. Quand on fabrique une raison de muscles et non des muscles de raison. Quand on excelle dans le mérite népotiste et non dans la compétence. Quand le Premier ministre se sent obligé de défendre le frangin du Président devant les interrogations des citoyens. Tout ça mène à ce qui nous arrive.


Quand on garde quelqu’un à un poste malgré sa retraite. Quand il n’y a pas de renouvellement du personnel politique, administratif, etc… Quand c’est un seul entrepreneur, fut-il sénégalais, qui gagne tous les marchés de rafistolage médiatisé des stades du Sénégal, curieusement issu de la même localité que le Président et son Ministre du sport. Ça mène à ce qui nous tombe sur la tête.


Quand il est préférablement acceptable d’indemniser des victimes avant la justice et non après avoir identifié, jugé et sanctionné les coupables. Quand, devant la maison qui vote les Lois, l’Assemblée Nationale, un Préfet dit aux policiers : « matez-les et embarquez-les ». Quand on perd la capacité d’indignation. Quand, dans un accident on s’affaire plutôt à enterrer les survivants que des s’en occuper.
Quand le Président de la République qualifie ce qui est arrivé d’un INCIDENT et non un DRAME NATIONAL qui nécessite ailleurs, où on va chercher de quoi financer le PSE, de mettre les drapeaux en berne, de décréter un deuil national, il est évident que ce qui nous arrive se poursuive sans comptes.


Quand, dans un Concours général national, il y a fuite, mais que le Ministre fait dans la sourde oreille. Pire, il menace de porter plainte pour diffamation. Quand, malgré la fuite à l’épreuve de Philosophie, aucune enquête sérieuse n’ait été menée, il y a de quoi que ça se reproduise. Quand, dans un examen de Baccalauréat, les fuites de trois ou quatre matières ne suffisent pour tout recommencer, i l y a de quoi que l’on vive pire.  
Maintenant, on va demander aux marabouts de prier encore même si Allah a dit qu’il ne va pas changer le vécu des gens tant qu’ils n’améliorent pas leurs comportements…Sénégal mon pays. Mon pauvre pays. En attendant notre commune volonté d’aller vers la justice, de l’exiger, de la réclamer, poursuivons notre vie. Notre survie.

Mamadou Lamine BA
Journaliste bloggeur sénégalais
Email : ballamine@gmail.com
Tel : 70 203 16 81
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