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MEDIAS : Les Sénégalais et la presse sous Macky

Jeudi 10 Novembre 2022

La presse est souvent considérée comme un élément incontournable de la démocratie. Emmanuel Kant insistait déjà sur le fait que la pluralité des médias dans un pays pouvait être gage de démocratie.  Mais la presse sous Macky, hélas !


Le Sénégal est souvent considéré comme un modèle de démocratie depuis l’alternance au pouvoir d’Abdoulaye Wade. Par ailleurs, la presse sénégalaise est présentée comme l’une des plus structurée en termes de contenu. Son positionnement éditorial a toujours fait d’elle un contre-pouvoir notamment pour les régimes d’Abdou Diouf, ou encore d’Abdoulaye Wade. Elle fait aussi partie des premières à s’être émancipée sur le continent. Cependant, les acquis d’hier seraient ils menacés de nos jours ? La presse sénégalaise serait-elle en train de perdre son statut de contre-pouvoir ? C’est le questionnement que nous nous posons ici. 


Wade disait : « mon opposition se trouve dans la presse »
Une parole fortement véridique. En douze ans, le pape du Sopi a vécu 12ans de campagne médiatique. Des livres « d'enquêtes » aux livres de blasphème, des milliers d'articles très salaces, le pays a tout entendu sous le régime libéral. Ces journalistes qui étaient si prompts à dénoncer les dérives du Gouvernement de l'Alternance, à casser du sucre sur le dos de Wade, prétextant de l'intérêt supérieur de la Nation...Les Sénégalais aimeraient bien savoir ce qu'ils pensent aujourd'hui d'un chef d'Etat qui via des manœuvres insidieuses a renié sa fameuse promesse de campagne, consistant à réduire la durée du mandat présidentiel de 7 à 5 ? Promesse à laquelle tout le monde avait applaudi à tout rompre, en premier les anti-Wadistes. Mais, au fait, où sont-ils passés, ces pourfendeurs sélectifs de régimes ? Le Sénégal n'a-t-il plus d'intérêt supérieur à préserver et à défendre ? Les Sénégalais assistent, dégoûtés, à un lamentable silence-radio. Heureusement qu'au Sénégal, la majorité n'est pas dupe.


Dans son essai « Vers la fin de la presse comme contre-pouvoir au Sénégal ? Essai sur les liaisons dangereuses entre la presse et le pouvoir politique », le journaliste Fall Ngagne examine les conséquences des pratiques du pouvoir sur la presse depuis que Macky Sall est à la tête du pays. En effet, l’auteur dénonce par exemple les manœuvres du régime de Macky Sall dont la seule volonté serait de toute vraisemblance faire main basse sur la presse sénégalaise, qui bénéficiait jusque-là de quelques gages de liberté, voire d’émancipation. Il note d’ailleurs que le pouvoir a inféodé la presse et que le Président Macky Sall par des manœuvres subtiles et autoritaires a su démasquer les mercenaires. La conséquence est que tous les francs-tireurs d’hier sont devenus des maîtres chanteurs du régime en place. C’est la période de la présidentielle de 2019 qui a révélé les pratiques incestueuses que la presse sénégalaise entretient avec le pouvoir politique. Durant toute la période de la campagne jusqu’au jour de l’élection, Fall Ngagne constate un traitement médiatique en faveur du Président sortant, à qui de nombreux médias sénégalais garantissaient déjà la victoire.


Dans son essai, il est désormais question de la presse « à fric » au Sénégal. Au-delà de la dépendance à l’égard des acteurs et/ou des milieux politiques comme le remarquait déjà Patrick Champagne parlant de la « double dépendance », il convient de relever que la presse sénégalaise voit son autonomie et son « indépendance » mises à mal par le pouvoir de l’argent.


Dans la plupart des pays africains, les médias toutes tendances confondues évoluent dans des « logiques de débrouillardises », comme dirait Georges Madiba. Ce qui les rend vulnérables et à la merci des manœuvres du pouvoir politique comme c’est le cas au Sénégal : les révélations de Fall Ngagne nous apprennent que le Président Macky Sall aurait « garanti la bonne santé financière à certains patrons de presse qui peinaient à payer leurs salariés à la fin du mois. Il a donné à d’autres des postes de responsabilités qui désormais approuvent des pratiques qu’ils dénonçaient avec vigueur ». Cette façon de « domestiquer » la presse émane des leçons qu’aurait tirées Macky Sall de son poste de directeur de campagne d’Abdoulaye Wade lors de la présidentielle de 2007. Il s’agit là de méthodes douces, comme le relève l’auteur du présent essai. De nombreux exemples sont donnés par l’auteur : la nomination d’Abdou Latif Coulibaly (journaliste d’investigation) au gouvernement, de nombreux patrons de presse à la solde du pouvoir, l’élite journalistique au service du pouvoir, le financement occulte des médias par le pouvoir politique en place, etc. Depuis lors, il y a comme un rapprochement entre le champ politique et le champ journalistique au Sénégal. Le second étant dominé par le premier.


Cependant, en tant que quatrième pouvoir, la presse doit tout faire pour préserver son « indépendance » à l’égard des sphères politiques et économiques. Ce qui n’est pas le cas au Sénégal où patrons de médias et pouvoir politique en place entretiennent des relations qu’on pourrait qualifier d’incestueuses. Or, il est établi que les médias et le pouvoir politique ne sauraient faire bon ménage. Car la domination de la presse constitue une menace pour la démocratie. Pour le cas du Sénégal, Fall Ngagne note une régression du rôle de la presse en tant que contre-pouvoir. Ce rôle, jadis brandi du temps d’Abdoulaye Wade, est en train de disparaître et la presse sénégalaise dans son ensemble est en train de devenir une presse « au service du pouvoir » comme le notait déjà Marie-Soleil Frère. On peut ainsi comprendre l’action de la presse sénégalaise accusée de fraudes lors de la présidentielle de 2019. Des pratiques contre éthique et se situant aux antipodes de ce que recommandent les codes éthiques et déontologiques à travers le monde. Il semble établi que les journalistes sénégalais ont de nos jours mauvaise presse, pour reprendre le titre d’un ouvrage de Cyril Lemieux.La presse très critique sous Wade, nostalgiquement vôtre !
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