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Graves menaces sur les chantiers de l’émergence

Jeudi 18 Janvier 2018

Le Plan Sénégal émergent risque-t-il de connaitre un atterrissage forcé pour déficit de matériaux de construction ? A l’initiative du ministère des Mines et de la Géologie, une rencontre de très haut niveau a été organisée, hier, pour discuter du sujet. Il en ressort que l’Etat est obligé d’utiliser des alternatives à certains produits comme le basalte, pour continuer ses chantiers.

 
La situation n’est pas encore alarmante. Mais elle inquiète les dirigeants au plus haut point. Dans un contexte marqué par la mise en œuvre des grands chantiers du Plan Sénégal émergent (Pse), les matériaux devant servir à la construction de ces projets se font de plus en plus rares. D’où la tenue d’un atelier, hier, sur cette préoccupation majeure des pouvoirs publics. Des spécialistes, venus de différents corps, de différents ministères, ont cogité pendant une journée sur la question. La ministre des Mines et de la Géologie, Sophie Gladima Siby, explique : ‘’Les granulats constituent une composante indispensable dans la construction des infrastructures, comme dans toute autre construction. Le Sénégal, ces dernières années, a connu une croissance constante sur le marché des granulats.’’


La croissance effarante de la demande

A n’en pas douter, il s’agit-là du plus gros problème auquel sont confrontés les différents acteurs du Btp. Ce qui fait de l’atelier initié par son département d’une importance capitale. Car, estime la ministre, il ‘’porte sur une problématique très urgente, à savoir la valorisation des résultats de la recherche sur les matériaux de substitution pour l’approvisionnement des grands chantiers de l’Etat’’. Une urgence bien caractérisée par la croissance exponentielle de la demande en basalte, produit qui inquiète encore plus les pouvoirs publics. La ministre donne les chiffres pour mieux illustrer la gravité de la situation. En 2014, la quantité de basalte traitée s’était ainsi arrêtée à 950 340 m3, contre 1 627 086 m3 en 2015. Pour l’année 2016, la quantité de basalte extraite est de 1 822 866 m3, soit un bond de 70 %.

S’il n’y avait que le basalte ‘’surexploité’’ qui risque de poser problème, l’Etat aurait certainement eu moins de soucis. Mais, selon toujours la ministre, dans une moindre mesure, des tensions risquent aussi de surgir dans la latérite et le sable. Pour ce qui est de la première, la quantité consommée dans le cadre de la construction des routes et chaussées a triplé, entre 2014 et 2016. Passant de 101 345 à 498  997 m3. Quant à la production de sable, elle a presque doublé, en passant de 521 473 m3 en 2014 à 1 076 614 en 2016.

Ce retour à la croissance, bien que créant une embellie dans le secteur des Btp, est annonciateur de lendemains incertains. Pour la ministre, cette croissance est une ‘’alerte sur l’importance d’anticiper sur les difficultés et contraintes majeures d’approvisionnement de la demande du pays en granulats’’.

Le casse-tête du basalte

Roche d’origine volcanique, le basalte convient parfaitement à la construction de béton de qualité et à la réalisation des couches de roulement de chaussées. Jusque-là, il reste le produit privilégié par les gouvernants. Avec les autres granulats, il a beaucoup servi à la matérialisation des grands chantiers de l’Etat : prolongement de l’autoroute à péage, la voie de dégagement nord, l’aéroport Blaise Diagne de Diass, Ila Touba, entre autres, liste la ministre, fière. 

Une fierté loin de dissimuler ses appréhensions sur l’avenir de ces ressources ‘’vitales’’ pour le pays, très utiles pour le développement.

En effet, pendant que les produits se raréfient, l’Etat envisage d’autres programmes d’envergure dont le port minéralier de Bargny. Ce n’est pas le seul défi, si l’on en croit les experts. Il y a, en outre, l’érosion côtière qui risque, si l’on n’y prend garde, de dévaster une bonne partie de la phase occidentale du Sénégal. Le représentant de Techno-Sol prévient : ‘’Il est plus qu’urgent de trouver des solutions alternatives, car dans les années à venir, nous aurons besoin de ce basalte pour faire face à l’avancée de la mer.’’ Mais si l’on en croit la ministre, l’espoir est permis, grâce à cette nouvelle dynamique impulsée par la Direction de la prospection et de la promotion minière. ‘’Cet atelier est assez élitiste, dit-elle, pour autoriser tous les espoirs en termes de réflexion et de contribution décisives à la résolution de cette crise potentielle du granulat sur le marché de la construction et des infrastructures’’.

La ‘’guerre’’ entre Ageroute et l’entreprise Mapathé Ndiouck

Pour les spécialistes, il ne faut pas désespérer d’une solution. Le sous-sol sénégalais reste, malgré tout, très riche en ressources de toutes sortes. Il faut juste, estiment certains participants, se départir de la tyrannie du basalte. La plupart d’entre eux ont soutenu que le quartzite exploité à Bakel par l’entreprise Mapathé Ndiouck peut bien faire l’affaire. Le représentant de cette société de soutenir que ce produit est même utilisé en Mauritanie. Et la qualité de leurs infrastructures n’en est pas pour autant de moindre qualité. Estimant que les carrières de Diack (Ngoundiane), principales pourvoyeuses de basalte, sont surexploitées, il propose l’alternative du quartzite pour résorber le gap. Au représentant de l’Ageroute qui alléguait d’un déficit de production, il rétorque : ‘’Nous n’avons pas de déficit de production. Nous avons investi, depuis 2013, une dizaine de milliards dans les carrières de Bakel pour le quartzite. Cette ressource peut bien remplacer le basalte. Elle est utilisée dans d’autres pays avec des résultats probants. Il faut savoir que nous n’avons pas le choix. Le quartzite est la seule alternative.’’

Dans sa communication, le chef de la Division des travaux routiers a confirmé l’existence de ‘’grandes difficultés’’ d’approvisionnement dans les travaux au niveau de la Rn2, dans la zone nord du pays. Le collaborateur de l’homme d’affaires Mapathé Ndiouck d’affirmer, sans ambages : ‘’Si l’Etat rencontre des difficultés dans la construction des infrastructures au Nord, c’est parce qu’il est très lent’’ dans l’appropriation des résultats de la recherche. Pour le représentant de l’Ageroute, il s’agit plutôt d’un problème contractuel. ‘’L’entreprise s’est engagée à utiliser le basalte et on en a tenu compte dans la détermination du prix. On ne peut accepter qu’en cours de travaux, qu’on le substitue à un produit de moindre coût sans que l’Etat ne puisse en bénéficier, précise-t-il.

ENQUETE QUOTIDIEN
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