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Elections législatives en juillet : une Assemblée « absolument » Sassou ?

Lundi 9 Mai 2022

Grand favori des élections législatives en juillet, le parti de Denis Sassou Nguesso ambitionne de conserver la très confortable majorité acquise en 2017. Car tout autre résultat pourrait être considéré comme un échec…


Aux urnes, Congolais ! Après avoir en mars 2021 réélu Denis Sassou Nguesso (DSN) à la présidence – pour le quatrième de ses mandats successifs –, le pays s’apprête à se remobiliser en juillet, cette fois pour les élections législatives et locales. Pour la majorité présidentielle, réunie autour du Parti congolais du travail (PCT), l’objectif est clair : conserver la majorité absolue à l’Assemblée nationale, acquise pour la première fois lors du dernier scrutin législatif, en 2017, et, si possible, faire encore mieux que les 99 sièges sur 151 remportés alors par le parti au pouvoir et ses alliés.

« Nous voulons consolider notre position pour être en mesure de mieux accompagner le président Sassou Nguesso dans la mise en œuvre de son projet de société, qui est développé dans le Plan national de développement [PND] 2022-2026 », résume Parfait Iloki, le porte-parole du PCT. La tâche ne s’annonce pas insurmontable pour le camp présidentiel – le seul à disposer des fonds nécessaires pour assurer sa présence sur l’ensemble du territoire.

Règles du jeu électoral inchangées
En face, les partis d’opposition, minés par le manque d’argent, les divisions internes et les agendas contradictoires de leurs leaders, en sont réduits à espérer conserver leurs positions dans leurs fiefs respectifs : la Bouenza et le Niari pour l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads), de Pascal Tsaty Mabiala ; le Pool et une partie de Brazza pour l’Union des démocrates humanistes (UDH-Yuki), le parti de Guy-Brice Parfait Kolélas, décédé du Covid-19 en mars 2021. Les autres mouvements, constitués autour de personnalités comme Mathias Dzon, Clément Mierassa ou Jean Itadi, sont pour l’instant aussi inaudibles qu’invisibles, à moins de deux mois de l’ouverture de la campagne officielle.

Tous n’ont d’ailleurs pas été conviés aux travaux de la concertation politique – organisée par le ministère de l’Intérieur avant chaque élection nationale depuis 2009 –, qui s’est tenue cette fois à Owando (Cuvette), du 3 au 5 mars. Même si, officiellement, « 98 % des partis politiques congolais étaient présents », répond Parfait Iloki à ceux qui reprochaient à l’initiative gouvernementale de ne pas être assez inclusive.



Les absents ne semblent de toute façon pas avoir manqué grand-chose, puisque la principale décision de cette concertation a été de ne pas en prendre dans l’immédiat, sur des questions pourtant aussi récurrentes que l’usage de la biométrie, la mise à jour du fichier électoral, le découpage administratif ou le renforcement de l’indépendance de la Commission nationale électorale indépendante (CNEI). « Cette fois encore, les règles du jeu électoral n’ont pas changé », constate un diplomate en poste à Brazzaville. « Mais la concertation d’Owando s’est distinguée des précédentes car elle a permis de faire des avancées substantielles sur tous ces points de divergence », estime Guy Georges Mbaka, le ministre de l’Administration du territoire, de la Décentralisation et du Développement local – qui ne sera candidat à rien en juillet, mais se réjouit de voir que « toutes les conditions sont réunies pour que chaque Congolais puisse exprimer son choix ».

Alignement des planètes
En attendant, peut-être, qu’elle se fasse entendre dans les urnes, la contestation ne viendra en tout cas pas de la rue. Vingt-cinq ans très exactement après les tragiques évènements de 1997, la population, brazzavilloise en particulier, ne semble aspirer qu’à la paix et à la stabilité, alors que, pour la première fois depuis longtemps, l’avenir semblerait être prometteur pour le Congo et les Congolais.


« Le pays peut bénéficier d’un certain alignement des planètes », confirme notre diplomate, même s’il va devoir compter comme les autres sur les effets de balancier provoqués par le conflit ukrainien, parfois positifs – comme le bond spectaculaire des cours de brut –, parfois négatifs, dans la foulée de la hausse préoccupante des factures énergétiques et alimentaires.

Au fil des douze derniers mois, le Congo a tourné la page de la crise sanitaire et retrouvé une certaine aisance économique, laquelle devrait lui permettre d’afficher un taux de croissance positif – autour de 2 % selon le FMI – dès la fin de cette année. Sous la gestion du ministre Rigobert Roger Andély, les finances publiques suivent à nouveau les chemins tout tracés d’une orthodoxie budgétaire qui rassure les bailleurs. Et si l’endettement du pays reste encore loin des minima imposés par les instances sous-régionales, son développement ne devrait pas être bridé plus longtemps.

LE PLUS DUR COMMENCE PEUT-ÊTRE POUR LE CONGO

En parvenant à maintenir le dialogue avec le FMI, jusqu’à obtenir en janvier un nouvel appui budgétaire de l’institution, le Premier ministre, Anatole Collinet Makosso, et son gouvernement ont réussi la première de leur mission, celle de replacer le Congo dans le viseur des investisseurs. La facilité élargie de crédit (FEC) de 455 millions de dollars accordée sur trois ans par le Fonds « n’a pas vocation à financer le développement du pays mais de permettre l’arrivée de ceux qui le feront », précise le représentant local d’une grande institution financière internationale.

L’envolée actuelle des cours du baril ne suffira pas à elle seule à payer l’addition du PND, véritable programme économique de ce quinquennat, qui doit donner au pays, et plus encore à son président, les moyens de se projeter en 2026 – date de la prochaine présidentielle – et au-delà. « Le plus dur commence peut-être pour le Congo », avancent les experts, qui attendent de voir, dès les prochains mois, les autorités de Brazzaville avancer bien plus concrètement qu’elles ne l’ont fait jusqu’à présent en matière de gouvernance et de climat des affaires.


Sur ce point comme sur d’autres, « pour vraiment voir la tournure que prendra ce quinquennat, estime un observateur étranger, il faudra attendre la nomination du nouveau gouvernement, qui devrait suivre les législatives ». Lequel sera certainement placé, une nouvelle fois, sous la houlette d’Anatole Collinet Makosso, suffisamment consensuel et proche de la Première dame pour conserver son poste quelque temps encore. De nouvelles tendances, de nouveaux équilibres pourraient voir le jour, mais toujours avec l’aval du chef.


Jeune Afrique
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