Le président du Mouvement ‘’Alliance sauver le Sénégal’’, Babacar Mbaye Ngaraf, initiateur de la première plainte sur l’affaire des contrats pétroliers, dans cette interview, propose un Jury pour éclairer cette affaire qui implique le petit frère du Président de la République, Aliou Sall. Sur l’affaire Barthélemy Dias, il dénonce la politisation du dossier et invite les magistrats à ne pas être à la solde du pouvoir.
Ce matin, le député Maire Barthélemy Dias a été convoqué au tribunal pour une affaire de meurtre. Il fut arrêté en 2011, mais a été relâché en 2012 par l’actuel régime. Quelle votre appréciation sur ce dossier ?
On s’en désole parce que Barthélemy Dias est un justiciable et ne doit pas échapper à la justice. Mais ce qui est déplorable dans cette affaire, c’est l’instrumentalisation de notre justice. En 2011, le jeune socialiste était entre les mains de la justice. C’est Macky Sall, qui était en campagne électorale en 2012, qui a apporté son soutien à ce dernier en le disculpant presque. Au pouvoir, en 2012, on l’investit comme député, on l’extirpe de la prison. Entre 2012 et 2016, Barthélemy Dias était avec eux, il était bon, gentil et blanc comme neige. Aujourd’hui, M. Dias s’est rangé du côté du peuple en les laissant de côté, alors maintenant, il est bon pour la prison. Les magistrats ne doivent pas accepter d’être les bras armés du pouvoir dans les règlements de comptes politiques.
Vous, vous êtes pour qu’on classe cette affaire sans suite ?
Non ! Nous sommes pour la lumière dans cette affaire car Ndiaga Diouf est un compatriote et il ne doit pas être tué comme une mouche. Mais ce qui est inacceptable, c’est la politisation de ce dossier. Cette gestion est une preuve de plus que Macky Sall a divisé les Sénégalais en deux catégories : ceux qui sont avec lui et qui sont autorisés à tout, et ceux qui sont contre lui, interdits de tout.
Vous avez des preuves sur ces graves accusations contre le président Macky Sall ?
On se rappelle encore des affaires Ousmane Ngom et Awa Ndiaye qui ont été convoqués à la Crei, ont fait des va-et-vient, mais on s’est levé un bon matin et on nous dit qu’ils sont blancs comme neige. C’est parce qu’ils sont avec Macky Sall. Cela pose encore une fois de plus l’indépendance de la justice. C’est pourquoi nous disons qu’il est important que les Sénégalais se lèvent pour la libération de la justice qui est aujourd’hui ligotée par Macky Sall et son régime.
Votre mouvement est la première association qui avait déposé une plainte sur les contrats pétroliers. Est-ce que cette plainte a connu une avancée ou encore une satisfaction de votre part ?
Aujourd’hui, nous sommes animés par un sentiment à la fois de déception et de satisfaction. Parce que quand nous déposions la plainte à l’OFNAC, nous pensions que le Président de la République Macky Sall allait en faire une opportunité pour donner du sens et de la valeur à ses slogans tels que : gouvernance sobre et vertueuse, je ne protègerai personne et reddition des comptes. On se rappelle toujours de ces paroles. Mais à l’arrivée, on nous a plutôt servi des sévices contre tous ceux-là qui, au nom de la transparence de cette bonne gouvernance promise au peuple, s’évertuaient à travailler pour l’éclatement de la vérité sur l’affaire Pétrotim.
Où se situe le blocage selon vous ?
Nafi Ngom Keita, une dame brave aux résultats indiscutables, limogée contre toute attente, Ousmane Sonko radié et les autres insultés et injuriés. Ce sentiment de déception est un peu atténué par un sentiment de satisfaction au regard du patriotisme que les Sénégalais ont montré. En témoigne la participation massive du peuple lors de la dernière manifestation de l’opposition. Malgré les tentatives de menaces et la violence prévisible, les jeunes et les personnes du troisième âgé ont bravé le chaud soleil pour dénoncer la gestion du pays par l’actuel régime.
En lieu et place, que propose le mouvement que vous dirigez ?
Nous assistons à des séries de plaintes. Frank Timis a servi des plaintes à des patriotes sénégalais. L’opposition aussi menace de déposer une plainte contre Franck et Aliou Sall. Mais nous pensons que les Sénégalais devraient plutôt travailler à la mise sur pied d’un jury d’honneur, composé de personnalités indépendantes, présidé par Nafi Ngom Keita, assisté par des avocats comme Assane Dioma Ndiaye, Me Mame Adama Gueye, deux magistrats à la retraite, deux députés de l’opposition et de la mouvance présidentielle et des experts en pétrole, pour que la lanterne des Sénégalais soit éclairée. Parce que les Sénégalais perdent confiance en leur justice. Parce que si on voit le traitement réservé aux affaires Aida Ndiongue, Karim Wade et aujourd’hui Barthélemy Dias, nous avons l’impression que nous avons une justice pas du tout indépendante. Ce qui ne veut pas dire que les magistrats ne sont pas indépendants, mais c’est le système judiciaire sénégalais qui ne permet pas d’avoir une justice indépendante
Entretien réalisé par Ibrahima Khalil DIEME
