Menu

Angola, la justice ne lâche pas Isabel dos Santos et Cie

Dimanche 4 Février 2024

C’est comme si la justice angolaise voulait montrer qu’elle ne baisse pas la garde. Ces dernières semaines, elle a multiplié les annonces visant des figures de l’ère dos Santos, du nom de l’ancien président du pays durant trente-huit ans (1979-2017), José Eduardo dos Santos, décédé en juillet 2022 à Barcelone.


Sa fille aînée, Isabel dos Santos, sacrée première Africaine milliardaire par Forbes en 2013, son ex-vice-président, Manuel Vicente, et son ancien bras droit et homme de l’ombre, le général Manuel Hélder Vieira Dias dit « Kopelipa », ont ainsi été épinglés dans le cadre de dossiers de corruption, fraude et détournement de fonds remontant à la présidence dos Santos. Cette offensive judiciaire s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la corruption décrétée dès le départ du pouvoir de José Eduardo dos Santos, en 2017, par son successeur, João Lourenço, pourtant issu du même parti que lui, le Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA).

Et, alors qu’elle fait l’objet de critiques pour sa lenteur et sa sélectivité, les derniers rebondissements entendent prouver que la rupture avec les errements du passé promise par le président Lourenço, réélu pour un second mandat en août 2022, est bien à l’œuvre. Première avancée majeure, la justice via le ministère public angolais (Procurador-Geral da República, PGR) a présenté mi-janvier, après plusieurs années d’enquête préliminaire, un acte d’accusation contre Isabel dos Santos pour sa mauvaise gestion durant l’année qu’elle a passé entre 2016 et 2017 à la tête de la compagnie nationale pétrolière Sonangol.

Ce dossier, l’un des premiers à avoir été ouverts contre elle après le départ du pouvoir de son père, est emblématique des pratiques de corruption que l’administration Lourenço affirme vouloir combattre : la fille de l’ancien président, poursuivie pour douze crimes et délits dont fraude, blanchiment et trafic d’influence, est accusée d’avoir profité de sa position, à laquelle elle avait été nommée par son père, pour détourner de l’argent de Sonangol via un ensemble de sociétés de conseils fantômes.

« Persécution politique »
Des accusations que la principale intéressée, ancienne « princesse » de l’économie angolaise qui a quitté le pays depuis 2017, rejette en bloc ayant dès le départ engagé un bras de fer juridique et médiatique avec la présidence Lourenço qu’elle accuse d’instrumentaliser la justice et de mener une « persécution politique ». C’est cette ligne qu’Isabel dos Santos, impliquée dans une série de procédures judiciaires au Portugal, Royaume-Uni, Pays-Bas et Îles vierges britanniques en raison de ses activités et investissements en Angola et au Portugal, a maintenu face à la charge du ministère public, dirigé par Hélder Pitta Grós.


Pointant des contradictions dans les déclarations de ce dernier, elle a réaffirmé sa disponibilité à fournir des éclaircissements sur sa gestion de Sonangol, contestant à nouveau l’ensemble des faits qui lui sont reprochés. Cette passe d’armes est intervenue alors qu’un autre des piliers du régime dos Santos, le général Kopelipa, croise le fer avec le tribunal suprême angolais depuis mi-novembre 2023 dans le cadre d’un dossier où il est poursuivi pour sept chefs d’accusation dont fraude, détournement et blanchiment de fonds.

Accusation solide
Ancien patron du cabinet de la reconstruction nationale et ex-monsieur sécurité du président dos Santos, le général était actif dans les secteurs du diamant, du pétrole, des médias, de l’immobilier et de l’agriculture, présenté comme l’une des principales fortunes du pays à l’époque dos Santos.


S’il a accepté de restituer à l’administration angolaise certains biens et actifs lors du premier mandat de Lourenço, cela ne l’empêche pas de contester les accusations et de combattre pied à pied l’actuelle procédure qui devrait tout de même se solder par la tenue d’un procès cette année.

« L’accusation portée contre Kopelipa est bien documentée et solide », commente Rui Verde, juriste spécialiste de l’Angola et contributeur régulier du site Maka Angola qui dénonce de longue date la mauvaise gouvernance dans le pays. « Cela ne veut pas dire qu’il ne sera pas acquitté mais les chances d’être condamné sont élevées. »

Profil bas
La situation d’une troisième et dernière personnalité de l’ère dos Santos, Manuel Vicente, a elle aussi récemment évolué. Fin janvier, soit plus d’un an après la fin, en septembre 2022, de l’immunité dont bénéficiait l’ancien vice-président angolais, la justice a annoncé l’ouverture d’une enquête contre lui pour corruption et blanchiment.


Ancien associé de Kopelipa et ex-patron de Sonangol durant près de dix ans, Manuel Vicente, propulsé ministre d’État puis vice-président par José Eduardo dos Santos, est soupçonné d’avoir profité de ses responsabilités passées pour s’enrichir. Il a été brièvement poursuivi par la justice portugaise, à la fin des années 2010, avant la délocalisation de l’affaire en Angola.

Faisant plus que profil bas depuis la fin de la présidence dos Santos, tout comme le général Kopelipa, il a un temps été présenté comme un conseiller de l’ombre de João Lourenço, faisant jouer à plein sa connaissance des arcanes du régime dos Santos et du secteur pétrolier. Son avenir ne semble pas autant menacé que celui d’Isabel dos Santos et Kopelipa, l’enquête, dont le contenu n’a pas été précisé, pouvant très bien donner lieu à un classement sans suite.


« Les processus visant Kopelipa et Isabel dos Santos sont bien faits, ce qui prouve qu’il y a eu une évolution sur le plan technique et une professionnalisation du ministère public angolais », souligne le juriste Rui Verde, donnant l’exemple de l’acte d’accusation de 45 pages, détaillé et motivé, produit contre la fille de l’ancien président. Angola : gagnants, survivants, nouveaux entrants, le paysage éco de Lourenço « Pour autant, reprend le juriste, il demeure deux principales difficultés dans ces dossiers : le besoin d’obtenir la coopération internationale, ce qui prend du temps, et la lenteur même du système judiciaire angolais. »

Jeune Afrique 
media net

Nouveau commentaire :






AUTRES INFOS

La Revue de Presse de Fatou Thiam Ngom du Samedi 27 Avril 2024 (wolof)

Promouvoir l'Inclusion Financière des PME : Conférence sur l'Affacturage à Harare

La Revue de Presse de Fatou Thiam Ngom du Vendredi 26 Avril 2024 (wolof)

La Une du journal le réveil du vendredi 26 Avril 2024

Une nouvelle équipe hors du terrain : Mathilde Aïcha Diop et Alkaly Ndour unissent leurs destins

Dak'art 2024 : La Biennale d'Art de Dakar Reprogrammée pour Novembre-Décembre

Tristesse au Tribunal : Le Juge Modou Seck emporté par une crise cardiaque

Les résidents des pays africains gagnent de gros jackpots dans les casinos en ligne

1Win Sénégal - Plateforme de paris et de jeux de casino en ligne

La Revue de Presse de Fatou Thiam Ngom du Jeudi 25 Avril 2024 (wolof)


Flux RSS

Inscription à la newsletter